Des chercheurs ont utilisé les données de localisation de Twitter et Foursquare pour prédire la gentrification en marche à Londres. Objectif : avoir une idée des quartiers populaires qui deviennent à la mode pendant que leurs loyers augmentent.
Et s'il suffisait de garder un œil sur les réseaux sociaux pour prédire la gentrification des villes, ce phénomène d'embourgeoisement urbain dont on n'a pas fini de parler ? C'est le pari que font des chercheurs de l'Université de Cambridge, qui proposent d'étudier les tweets et les check-ins postés sur les réseaux sociaux depuis certaines zones urbaines.
En partant de l'idée qu'elles en disent long sur les endroits où les citadins (et consommateurs) vont chercher "ce qui est cool", ces données ont été mises en parallèle avec des statistiques concernant la hausse des loyers et la baisse de la criminalité dans certains quartiers.
Londres comme cas d'étude
Appliquée à la ville de Londres, cette méthodologie a été confirmée par l'étude du quartier de Hackney – que l'on savait déjà gentrifié. Grâce aux données collectées en 2010, les chercheurs ont pu constater que celui-ci avait effectivement été l'objet de nombreux tweets de la part de Londoniens, sans doute ravis d'y aller boire des cafés latte et découvrir des expositions en galeries d'art. Depuis, les rues de Hackney ont vu les loyers augmenter et la délinquance baisser.
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Toujours selon cette méthodologie, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que les prochains quartiers qui vivront une vague de gentrification seront Tower Hamlets, Greenwich, Hammersmith et Lambeth.
Happiness (aka iced matcha almond milk latte on a sunny day in Hackney: pic.twitter.com/K6G1gZkOr6
— rachel felder (@rachelfelder) 15 août 2015
Les lois de la gentrification
Pour arriver à leurs conclusions, les chercheurs de Cambridge ont collecté 549 797 check-ins à 42 080 endroits londoniens différents, tels que les bars et les restaurants. Ces datas venaient d'un total de 37 722 personnes vivant à Londres.
Le fait que de nombreux citadins se géolocalisent dans des quartiers populaires est en général le signe qu'un endroit est en train de devenir "cool". À l'inverse, on peut supposer que les endroits qui restent dominés par une population locale résistent davantage aux effets de mode. Globalement, les quartiers de "mixité sociale" ayant enregistré le plus de géolocalisations sont les quartiers plus en proie à la gentrification.
Finalement, ces analyses ne révèlent rien d'ahurissant. Mais comme souvent dans la sociologie urbaine, elles ont le mérite de confirmer des intuitions.
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