
Le président François Hollande a entamé samedi une tournée au Liban, en Égypte et en Jordanie. Guerre en Syrie, terrorisme, conflit israélo-palestinien, migrations, contrats militaires et commerciaux sont les thèmes principaux de ce voyage.
François Hollande, accompagné de la ministre de la Culture Audrey Azoulay et du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, a entamé, samedi 16 avril, une tournée de quatre jours au Moyen-Orient qui doit le conduire au Liban, en Égypte et en Jordanie.
Après plusieurs projets de visite avortés, le président français est arrivé samedi au Liban, dans un pays handicapé par une crise politique, où le siège du président est vacant depuis mai 2014. Après avoir rencontré le président du Parlement Nabih Berry et le Premier ministre Tammam Salam, François Hollande a appelé à l'élection d'un nouveau président lors d'une conférence de presse en fin de journée. Et d'annoncer une aide financière de 100 millions d'euros dans les trois prochaines années pour aider le pays à faire face à la présence massive de réfugiés syriens sur son terriroire.
Le Liban accueille 1,1 million de Syriens, soit l'équivalent d'un quart de sa population. Dimanche, François Hollande s'est rendu dans la plaine de la Bekaa dans un camp de réfugiés près de Zahle pour y rencontrer des familles syriennes espérant obtenir l'asile politique en France.
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François Hollande a également promis une "aide immédiate pour renforcer les capacités militaires libanaises", alors qu'un important contrat de 2,2 milliards d'euros (dit "Donas") de fourniture d'armements français au Liban, conclu en avril 2015, a été suspendu à l'initiative de l'Arabie saoudite qui devait le financer par un don. À Paris, on répète que le contrat n'est pas pour autant rompu. En janvier, l'entourage du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian avait notamment annoncé la reprise des livraisons au printemps.
Droits de l’Homme et contrats militaires avec Le Caire
Deuxième étape du voyage présidentiel : l’Égypte où François Hollande sera présent de dimanche après-midi à mardi matin et où il rencontrera le président Abdel Fattah al-Sissi et d'autres hauts responsables. Le président français espère finaliser les négociations de nouveaux contrats militaires, en particulier un satellite, dont Paris ne pouvait assurer en fin de semaine qu'ils seraient bouclés pour la visite.
Le conflit en Libye sera une autre priorité des discussions entre les présidents Hollande et Sissi. La France souhaite l'entrée en fonction du gouvernement libyen d'union nationale pour pouvoir l'aider, avec d'autres pays comme l’Égypte, à sécuriser le territoire, théâtre de combats entre groupes d'affiliations politiques divergents depuis le renversement de Mouammar Kadhafi en 2011, qui impliquent désormais aussi des membres de l'organisation de l’État islamique (EI).
Et François Hollande n'échappera pas non plus à la question des droits de l'Homme. Cette première visite d'État en Égypte est déjà critiquée par plusieurs ONG qui dénoncent "le silence étourdissant" de Paris sur les violations des droits humains par le régime du président Sissi.
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Les organisations internationales de défense des droits de l'Homme accusent en effet les autorités égyptiennes de centaines de disparitions forcées, de détentions illégales et d'actes de torture et autres violences en détention. Après avoir destitué le président islamiste élu Mohamed Morsi en 2013, le régime égyptien a tué en 10 mois plus de 1 400 manifestants pro-Morsi et emprisonné plus de 40 000 de ses partisans selon Amnesty International et Human Rights Watch.
Et ces violations ne concernent pas que les Égyptiens. Au cas de l'étudiant italien mort sous la torture fin janvier au Caire qui a conduit récemment l'Italie à rappeler son ambassadeur, se sont ajoutées mercredi les accusations portées contre le Quai d'Orsay par la mère d'un enseignant français battu à mort en 2013 dans un commissariat de police égyptien.
Selon un diplomate français, le chef de l'État entend sur ces sujets porter des "messages" de façon "discrète et efficace".
Convaincre sur le projet français de conférence sur le conflit israélo-palestinien
Au Caire, le président de la République exposera par ailleurs le projet français de conférence sur la résolution du conflit israélo-palestinien, qui touche lui aussi directement l'Égypte.
"L'initiative de la France consiste à rassembler la communauté internationale autour de ce processus qui doit conduire à la paix", a-t-il déclaré vendredi après un entretien avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Présent à l'entretien à l'Élysée, le Premier ministre, Manuel Valls, doit se rendre fin mai en Israël et dans les Territoires palestiniens. Mais cette initiative française peine à convaincre. Prévue initialement avant l’été, la conférence internationale souhaitée par Paris ne devrait finalement pas avoir lieu avant l’automne, selon des informations du journal Le Monde.
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En Égypte et en Jordanie, où le chef de l’État se rendra mardi, la tournée présidentielle prendra également une forte connotation économique. François Hollande sera ainsi accompagné d'une trentaine de dirigeants d'entreprises et ouvrira des forums économiques dans les deux pays.
"Nous essayons de faire que cette visite soit un atout pour nos entreprises et espérons qu'à cette occasion des contrats puissent être conclus", indique-t-on de source diplomatique.
En Jordanie, le président se rendra sur la base aérienne Prince-Hassan, à une centaine de kilomètres au nord-est d'Amman, d'où décollent les avions français dans le cadre des opérations contre l'EI en Syrie et Irak.
Il exprimera au roi Abdallah II le soutien de la France alors que la Jordanie accueille quelque 600 000 réfugiés.
Avec AFP et Reuters