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En France, les Djiboutiennes mettent un terme à leur grève de la faim

En grève de la faim depuis 19 jours en France pour dénoncer des viols commis selon elles par des soldats dans leur pays, huit Djiboutiennes ont annoncé mardi mettre un terme à leur mouvement. Elles estiment avoir réussi à alerter sur leur situation.

Huit Djiboutiennes, en grève de la faim depuis 19 jours en France pour dénoncer des viols commis, selon elles, par des soldats dans leur pays, ont annoncé, mardi 12 avril, mettre un terme à leur mouvement, estimant avoir obtenu que "les intolérables viols et violences massifs à Djibouti soient révélés dans le monde".

"Cette grève était une première étape et le combat contre l'impunité continue", a déclaré à l'AFP Aïcha Dabalé, porte-parole en France du Comité des femmes djiboutiennes contre les viols et l'impunité. Elles étaient dix originaires de Djibouti, aujourd'hui réfugiées en France et en Belgique, à avoir entamé un jeûne le 25 mars pour dénoncer des agressions sexuelles - démenties par les autorités de leur pays- et l'absence de poursuites contre leurs auteurs. Deux d'entre elles l'avaient déjà interrompu pour des raisons de santé.

Un comité de suivi des plaintes pour viols créé

Ces dernières affirment avoir notamment obtenu l'assurance que la question "des viols et de l'accès à la justice des victimes" soit "évoquée dans les échanges bilatéraux entre la France et Djibouti". Un comité de suivi des plaintes pour viols, constitué notamment des anciennes ministres française Yvette Roudy et Marie-George Buffet, a également été créé.

Hébergées depuis le début de leur grève de la faim dans des locaux de l'association Femmes solidaires à Arcueil, en région parisienne, ces militantes ont reçu la visite et le soutien de nombreux parlementaires français, de députés européens et de féministes du mouvement Femen. L'ambassadrice des droits de l'Homme au ministère français des Affaires étrangères, Patrizianna Sparacino-Thiellay, est venue leur rendre visite lundi.

Nouvelle grève de la faim à Bruxelles

"Dix Djiboutiennes ont décidé de prendre le relai et d'entamer à leur tour une grève de la faim à Bruxelles" à partir de mercredi, a par ailleurs indiqué Aïcha Dabalé pour que les viols soient reconnus comme des crimes de guerre et qu'une enquête internationale soit lancée.

Ces femmes afar - une ethnie qui vit dans une zone à cheval sur l'Éthiopie, Djibouti et l'Erythrée - accusent les soldats djiboutiens combattant depuis 1991 la rébellion Afar du Front pour la restauration de l'unité et la démocratie (FRUD armé) de se venger sur les populations civiles, notamment par des viols.

Depuis 1993, ce Comité, qui se base sur le travail clandestin réalisé par des membres de l'organisation restés à Djibouti, a recensé 246 cas de viols par des militaires.

Des "allégations sans crédibilité", selon un porte-parole du gouvernement de Djibouti, selon lequel "depuis 1991, aucune preuve n'a été fournie aux autorités djiboutiennes". Les autorités djiboutiennes ont dénoncé une opération politique, soulignant que Aïcha Dabalé est l'épouse de l'actuel dirigeant du FRUD armé, Mohamed Kadamy.

Avec AFP