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Une commission de la Chambre des députés du Parlement brésilien s'est prononcée, lundi, pour la destitution de la présidente Dilma Rousseff accusée d'avoir enfreint la réglementation budgétaire pour favoriser sa réélection en 2014.

Une commission parlementaire a recommandé, lundi 11 avril, la destitution de Dilma Rousseff, infligeant à la présidente du Brésil un revers attendu mais inquiétant à quelques jours du vote crucial de l'assemblée plénière des députés.

Formée de 65 députés, la commission spéciale sur "l'impeachment" de l'impopulaire dirigeante de gauche a approuvé à la majorité de ses membres un rapport non contraignant préconisant aux députés de voter la poursuite du processus de destitution devant le Sénat, qui aurait le dernier mot.

Au terme d'une séance houleuse de 11 heures ponctuée d'invectives et d'insultes, 38 députés de cette commission ont voté pour la poursuite du processus de destitution, et 27 contre.

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"Putschistes !" hurlaient les députés de gauche à l'adresse de ceux de l'opposition de droite qui vociféraient en retour "Dehors Dilma !" ou entonnaient l'hymne national à gorge déployée.

Certains agitaient des petites poupées gonflables représentant en tenue à rayures de prisonnier l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), mentor politique de Dilma Rousseff soupçonné de corruption dans le cadre du scandale Petrobras.

Les partisans de Rousseff mobilisés contre "le coup d'État de velours"

"Je n'aurais jamais imaginé que ma génération verrait des putschistes en train d'essayer de renverser une présidente démocratiquement élue", a fustigé lundi soir Lula, après avoir désigné nommément le vice-président Michel Temer qui assurerait la présidence par intérim en cas de destitution, et le président de la Chambre des députés Eduardo Cunha.

L'ex-président participait devant quelques milliers de partisans à un événement contre "le coup d'État de velours" organisé à Rio de Janeiro par le célèbre chanteur et écrivain brésilien Chico Buarque.

Le rapport de la commission spéciale sera soumis à partir de vendredi à la Chambre des députés, qui voteront dimanche sur la demande de destitution de Rousseff.

Un vote de deux tiers des députés (342 sur 513) sera requis pour que la procédure se poursuive, faute de quoi elle serait définitivement enterrée.

Si la procédure franchit ce cap, le Sénat devra approuver ou non à la majorité simple la mise en accusation de la présidente, qui serait alors écartée du pouvoir pendant un délai maximum de 180 jours, en attendant un vote définitif sur sa destitution nécessitant les deux tiers des suffrages des sénateurs.

Fuite du discours de succession du vice-président brésilien

Pour ne rien arranger, un gag incroyable impliquant Michel Temer a fortement envenimé les débats déjà explosifs des députés : le vice-président a reconnu avoir fait fuiter par mégarde, lundi dans l'après-midi, un discours qu'il avait enregistré sur son portable et dans lequel il tenait des propos rassembleurs au cas où il succèderait à la présidente.

"Je confesse qu'après, quand j'ai voulu envoyer l'enregistrement à un ami, c'est parti à un groupe et le message s'est diffusé", a reconnu piteusement cet homme d'appareil discret de 75 ans, qui a poussé récemment sa formation, le grand parti centriste PMDB, à claquer la porte de la coalition de Dilma Rousseff.

Temer "est le plus grand traître de l'histoire du Brésil, un grand simulateur", a réagi avec fureur en pleine séance le député Silvio Costa du Parti des travailleurs au pouvoir (PT).

La présidente Rousseff, 68 ans, est accusée par l'opposition de maquillage des comptes publics en 2014, année de sa réélection, et en 2015, pour minimiser l'ampleur des déficits publics du géant émergent d'Amérique latine en pleine récession.

Elle se défend d'avoir commis un quelconque "crime de responsabilité" justifiant sa destitution, et dénonce une tentative de "coup d'État institutionnel".

Selon un décompte effectué chaque jour par le quotidien "Estado de Sao Paulo", 290 députés étaient favorables dimanche à la destitution, 115 contre, 61 indécis et 47 ne voulaient pas se prononcer.

Avec AFP