Au moins 17 personnes ont été tuées dans les affrontements de lundi à Brazzaville, deux semaines après la réélection contestée du président congolais Denis Sassou-Nguesso, ont annoncé mardi les autorités du Congo-Brazzaville.
Le gouvernement congolais a affirmé mardi 5 avril que les violences ayant poussé la veille des milliers d'habitants à fuir les quartiers sud de Brazzaville avaient fait 17 morts. Brazzaville a accusé un ancien chef de milice, Frédéric Bintsamou, d'être personnellement impliqué dans ces troubles.
Allié politique de cet ancien rebelle, Guy-Brice Parfait Kolélas, candidat malheureux à la présidentielle du 20 mars contre le président Denis Sassou Nguesso, a déclaré qu'il ne se satisfaisait pas de ces explications. Il a réclamé une enquête indépendante.
Selon Thierry Moungalla, porte-parole du gouvernement congolais, 17 personnes dont 3 agents des forces de l'ordre, 2 civils et 12 assaillants, ont été tuées lundi. Celui-ci a qualifié les violences d'"'attaque terroriste". Thierry Moungalla avait accusé lundi des ex-miliciens "Ninjas Nsiloulou" d'être à l'origine des tirs d'armes automatiques et détonations ayant réveillé les riverains de cette zone dans la nuit de dimanche à lundi. Il a renforcé ces accusations en affirmant que le gouvernement disposait de "preuves accablantes" de "l'implication active de [Frédéric] Bintsamou".
Brazzaville accuse la milice Ninja
La milice Ninja Nsiloulou, aujourd'hui dissoute, a combattu le pouvoir de Sassou Nguesso pendant la guerre civile dite du "Pool" (1998-2003). Son chef, Frédéric Bintsamou, a fini par se rallier à Sassou Nguesso avant de rejoindre récemment l'équipe de campagne de Guy-Brice Parfait Kolélas. Frédéric Bintsamou dispose d'une garde rapprochée, équipée d'armes automatiques et de mitrailleuses lourdes, et constituée pour bonne part d'ancien Ninjas.
Au Congo, le nom des Ninjas évoque aussi celui des milices de Bernard Kolélas, le père de Guy-Brice Parfait Kolélas, qui ont combattu les Cobras de Sassou Nguesso pendant la guerre civile de 1997. Face aux accusations du gouvernement, Guy-Brice Parfait Kolélas - ancien ministre de Sassou Nguesso - a déclaré mercredi vouloir "qu'une enquête soit menée en toute impartialité" sur les troubles survenus lundi dans des quartiers ayant voté massivement pour lui le 20 mars.
Guy-Brice Parfait Kolélas dénonce une "mascarade"
Jugeant que le gouvernement allait "vite en besogne pour désigner les coupables", le candidat malheureux a qualifié de "mascarade" la version officielle présentant les événements de lundi comme une attaque concertée contre plusieurs bâtiments officiels. "Ma crainte c'est qu'on retombe dans ce que le Congo a connu de pire : les faux coups d'État". "J'attends qu'on m'apporte la preuve [...] de ce qui s'est passé", a-t-il ajouté, jugeant "bizarre" la coïncidence entre ces attaques présumées et "la proclamation des résultats définitifs" de la présidentielle par la Cour constitutionnelle lundi soir.
La Cour constitutionnelle a confirmé lundi la victoire de Denis Sassou Nguesso dès le premier tour de l’élection présidentielle avec plus de 60 %. Guy-Brice Parfait Kolélas s'est étonné que cette instance ait rejeté son recours au motif qu'il n'aurait pas été déposé dans les temps, c'est-à-dire cinq jours après la proclamation des résultats officiels. "Nous étions dans les délais", a-t-il affirmé, mais la Cour a compté "le dimanche et le lundi [de Pâques] fériés comme des jours ouvrés", affirme-t-il. "C'est n'importe quoi."
Après la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle par le gouvernement, le 24 mars, Kolélas et quatre candidats d'opposition unis par une alliance électorale contre Sassou Nguesso avaient crié à la fraude et appelé la population à les rejeter par des voies légales et pacifiques.
Avec AFP