Le pape François reçu pour la première fois au Vatican Mgr Bernard Fellay, chef de la communauté intégriste dite des lefebvristes. Benoit XVI avait amorcé un rapprochement avec ce groupe exclu de l'Église catholique, sans succès.
Le pape François sera-t-il l'ouvrier du retour des intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX), dans le giron de Rome ? Aussi surprenant que cela puisse sembler tant l'actuel évêque de Rome a pu paraître ouvert et moderne depuis le début de son pontificat, il a reçu samedi au Vatican le supérieur de cette communauté, dite des lefebvristes.
Le Vatican a confirmé lundi 4 avril que cette rencontre "privée et informelle", selon les propres souhaits du pape, avait bien eu lieu, et qu'elle s'était déroulée dans un climat codial.
Fondée en 1970 par Mgr Marcel Lefebvre et séparée de Rome depuis 1988 en raison du concile Vatican II dont elle refuse de reconnaître les avancées, la Fraternité compte à travers le monde plus de 500 prêtres, des centaines de séminaristes et de religieuses.
Vers un nouveau statut pour la Fraternité Saint-Pie-X ?
Benoit XVI avait déployé en 2012 de grands efforts pour amorcer un rapprochement avec la Fraternité dirigée par Mgr Fellay. Il avait ainsi dans un geste historique levé l'excommunication des évêques de la communauté prononcée en 1988 par Jean-Paul II, suite à la rupture de ces derniers avec le Saint-Siège.
En reprenant le dialogue, le pape François semble vouloir poursuivre le travail de son prédecesseur. Selon le quotidien italien Il Foglio, la rencontre de samedi a été une étape vers la reconnaissance de la FSSPX sous la forme d'une "prélature personnelle", un statut qui lui laisse son propre clergé, sans être lié à un diocèse, comme c'est le cas de l'Opus Dei, notamment.
"Il n'a pas été directement question du statut canonique de la Fraternité, François et Mgr Fellay considérant qu'il faut poursuivre ces échanges sans précipitation", a cependant assuré la FSSPX.
"L'année jubliaire ne doit exclure personne"
La rencontre est d'autant plus surprenante que Mgr Fellay ne s'est pas privé d'attaquer avec virulence le nouveau cours du Vatican, dénonçant une trop grande bienveillance à l'égard d'un monde contemporain que les intégristes considèrent comme habité par le mal. Il n'a toutefois jamais visé directement le pape François.
En septembre, la FSSPX avait cependant salué un "geste paternel" quand François avait admis les confessions auprès de prêtres intégristes pendant le Jubilé de la miséricorde comme des "absolutions valides". "Cette année jubilaire n'exclut personne", avait alors fait valoir François, en disant espérer "des solutions dans un avenir proche" afin de "retrouver une pleine communion" avec la Fraternité.
La rencontre s'inscrit aussi dans la volonté du pape de construire des ponts avec toutes les tendances du catholicisme, des plus conservateurs aux plus progressistes. Il avait ainsi rencontré l'évêque progressiste français Jacques Gaillot en septembre 2015.
Avec AFP