Le président français reçoit la chancelière allemande à Paris, ce jeudi, pour préparer le Conseil européen des 18 et 19 juin. Les difficultés rencontrées par le futur avion de transport militaire européen seront également évoquées.
REUTERS - Nicolas Sarkozy et Angela Merkel s'efforceront jeudi à l'Elysée d'accorder leurs violons sur les principaux dossiers à l'ordre du jour du Conseil européen des 18 et 19 juin et sur l'avion de transport militaire A4OOM.
Le président français et la chancelière allemande, qui auront un entretien suivi d'un déjeuner, bénéficient d'une conjonction d'événements qui renforcent le poids du couple franco-allemand au sein de l'Union européenne.
Leurs partis respectifs sont arrivés en tête des élections européennes de dimanche, l'UMP en France et la CDU en Allemagne, tandis que la déroute du Labour de Gordon Brown a fragilisé un peu plus la position du Premier ministre britannique.
Quant à la présidence tchèque de l'UE, qui a succédé à la présidence française, elle brille surtout par son atonie.
Selon l'Elysée, les deux dirigeants évoqueront la situation économique, la mise en oeuvre des décisions du sommet du G20 du 2 avril, les suites à donner aux élections européennes et les garanties juridiques à apporter à l'Irlande pour permettre aux Irlandais de ratifier le traité institutionnel de Lisbonne.
Le Premier ministre français a appelé mardi de ses voeux un refonte des politiques économiques et commerciales européennes pour affronter la concurrence mondiale et une supervision accrue du secteur financier pour éviter une nouvelle crise.
Le prochain Conseil européen "doit être l'occasion de démontrer que l'UE est de nouveau dans la voie de l'action", a dit François Fillon à l'Assemblée nationale.
Il a redit le soutien de la France à l'idée d'un comité chargé de surveiller les risques systémiques. Il a cependant reconnu que des Etats membres, dont le Royaume-Uni, qui dit notamment redouter l'impact budgétaire de la mise en place d'un tel dispositif, ont encore de très fortes réserves sur ce point.
Le sujet sera à l'ordre du jour de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel.
"La France et l'Allemagne sont particulièrement attachées à la mise en oeuvre du rapport Larosière" sur le renforcement de la régulation du secteur financier, rappelle l'Elysée.
Barroso, environnement et A400M
Dans le domaine institutionnel, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel souhaitent qu'une traduction juridique soit donnée dès le prochain conseil à ces garanties sur la politique fiscale, la famille, les questions sociales et la politique européenne de sécurité et de défense, rappelle l'Elysée.
Il s'agit de répondre aux préoccupations exprimées par les Irlandais en 2008, quand ils ont rejeté par référendum le traité de Lisbonne, ce qui en a bloqué la ratification par les 27.
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy évoqueront également la nomination d'une nouvelle Commission, dont la procédure sera lancée au sommet de Bruxelles.
L'actuel ministre français de l'Agriculture Michel Barnier, élu dimanche au Parlement européen, fait figure de candidat de la France à un poste de commissaire. Mais la distribution des postes est l'objet d'âpres négociations.
Le maintien de José Manuel Barroso à la présidence de la Commision semble davantage certaine, malgré la campagne des socialistes et des verts européens contre sa reconduction.
Le président sortant de la Commission bénéficie du soutien d'Angela Merkel et, en apparence, de Nicolas Sarkozy, bien que le chet d'Etat français ait fait savoir qu'il subordonnait son appui à des engagements de José Manuel Barroso.
Les deux dirigeants parleront également des négociations internationales sur la suite à donner au protocole de Kyoto sur la lutte contre le réchauffement climatique, à six mois du sommet de Copenhague supposé les conclure.
Enfin, selon l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, Angela Merkel exprimera son souhait qu'aboutisse le programme d'avion de transport militaire A400M, déjà tellement en retard que son existence paraît menacée.
Le sort de ce programme de 20 milliards d'euros est suspendu aux discussions engagées par les sept pays qui ont commandé l'appareil pour leurs forces armées : Allemagne, France, Belgique, Espagne, Grande-Bretagne, Luxembourg et Turquie.
Selon Der Spiegel, Angela Merkel semble avoir pris ses distances avec les menaces de retrait de l'Allemagne, brandies par son ministère de la Défense.