
Le Parlement péruvien a annulé le décret sur l'exploitation forestière à l'origine d'une vague de violences. La semaine dernière, 34 personnes ont péri dans des manifestations organisées par les Indiens pour protester contre cette loi.
AFP - Le parlement du Pérou, réuni en session extraordinaire, a suspendu mercredi un décret-loi sur l'exploitation forestière du nord-est amazonien, à l'origine d'une crise avec les communautés indiennes, et d'affrontements qui ont fait au moins 34 morts la semaine dernière.
Le Congrès unicaméral a approuvé à une majorité de 59 voix contre 49 la suspension pour 90 jours du décret législatif 1090 dit "Loi forestière et de faune sylvestre".
Le Parti nationaliste (opposition) avait réclamé l'abrogation pure et simple du décret "désormais tâché de sang". Le vote du Parlement est perçu comme un compromis, un geste de l'Etat pour réouvrir le dialogue avec les représentants indigènes.
Le décret forestier est l'un de six textes promulgués en 2007-08 par le gouvernement de centre-droit d'Alan Garcia, et rejetés par la minorité indienne d'Amazonie (environ un demi-million de personnes réparties sur 65 ethnies), aujourd'hui en crise ouverte avec l'Etat.
Les communautés indigènes jugent ces textes trop souples avec les grands projets d'exploitation minière, forestière et hydrique de l'Amazonie péruvienne (60% du pays), et manquant au devoir de concertation des peuples autochtones, prévu par un texte de 1989 de l'Organisation internationale du travail (OIT)
Les Indiens, qui bloquent plusieurs axes routiers et fluviaux du pays, ont prévu une journée de mobilisation nationale jeudi.
Ceux-ci réclament aussi a présent des comptes sur les affrontements de vendredi et samedi à Bagua (1.000 km au nord de Lima), au cours desquels 34 personnes -25 policiers et 9 indigènes- ont été tuées, selon un bilan officiel à ce jour encore très contesté.