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En Israël, une bavure militaire divise le pays et fragilise Netanyahou

Accusé d'avoir achevé un assaillant palestinien blessé, un jeune soldat franco-israélien a comparu devant une cour militaire. Cette affaire suscite des frictions au sein même du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahou.

La détention d’un soldat israélien, accusé d'avoir achevé un assaillant palestinien déjà blessé, a été prolongée jusqu’à jeudi 31 mars. Ce militaire de 19 ans, qui a la nationalité franco-israélienne, mais dont le nom et l'image sont frappés de censure, a comparu mardi 29 mars devant un tribunal réuni dans la base militaire Bar-Lev dans l’ouest d’Israël.

Le jeune soldat, est accusé d'avoir achevé d'une balle dans la tête un Palestinien déjà atteint par balles, après avoir participé à une attaque au couteau contre des soldats israéliens le 24 mars à Hébron, en Cisjordanie occupée. Le Palestinien, apparemment agonisant, ne semblait plus représenter le moindre danger pour les soldats et les infirmiers alentour. La vidéo qui a révélé les faits, prise par un militant d'une organisation de défense des droits de l'Homme, montre en effet d'autres soldats visiblement peu inquiets à proximité immédiate du Palestinien agonisant.

L'enquête en cours "appuie le soupçon que le soldat a tiré intentionnellement et sans aucune nécessité", a déclaré devant la cour le représentant de l'accusation, le lieutenant-colonel Adoram Rigler.

De leur côté, les défenseurs du militaire, dont plusieurs dizaines s’étaient réunies devant la cour militaire pour lui apporter son soutien, estiment que le Palestinien aurait pu dissimuler une ceinture d'explosifs sous ses vêtements.

Des tensions au sein de la population israélienne

Son cas a suscité un débat enflammé par les Israéliens. Alors que certains dénoncent l’usage excessif de la force par l’Armée, d’autres invoquent les attaques palestiniennes quasiment quotidiennes. Au sein même du monde politique, l’affaire a aussi provoqué des tensions.

L'armée, le Premier ministre Benjamin Netanyahou et le ministre de la Défense Moshe Yaalon ont rapidement désapprouvé l'acte du soldat. Mais le ministre de l'Éducation Naftali Bennett, chef de file d'un parti nationaliste religieux défendant la colonisation, a très vite attaqué le chef du gouvernement en criant au jugement prématuré.

Avigdor Lieberman, ex-ministre des Affaires étrangères connu pour ses prises de position incendiaires, a aussi jugé "hypocrite et injustifié de se liguer contre le soldat". Il était d’ailleurs présent mardi dans la salle d'audience, aux côtés d'une dizaine de proches du soldat, dont certains en larmes.

Les défenseurs des droits de l'Homme et les Palestiniens ont, pour leur part, dénoncé une nouvelle exécution sommaire. La direction palestinienne a indiqué avoir demandé aux Nations unies d'enquêter sur les "exécutions extrajudiciaires" israéliennes. Elle a assimilé toutes les morts de Palestiniens depuis bientôt six mois à de telles exécutions.

Avec AFP et Reuters