
Au premier jour de son procès qui se tient à Genève, Cécile Brossard a exprimé ses regrets à la famille du banquier français Édouard Stern, dont elle a avoué le meurtre lors d'ébats sado-masochistes, une nuit de février 2005.
AFP - Le procès de la maîtresse d'Edouard Stern, qui a avoué avoir tué en 2005 le banquier français de quatre balles durant des ébats sado-masochistes, s'est ouvert mercredi à Genève dans une vive émotion avec les larmes de l'accusée et les témoignages étranglés de la famille du défunt.
Sur le banc des accusés, la Française Cécile Brossard, en prison depuis quatre ans, s'est adressée aux enfants de son célèbre amant pour la première fois depuis la nuit du crime le 28 février 2005.
"Je voudrais demander pardon, mais on ne peut pas demander pardon pour quelque chose d'aussi abominable", a expliqué l'accusée en larmes, le visage mangé par des cernes.
"La seule chose que je puisse faire, c'est d'essayer d'expliquer la vérité", a-t-elle poursuivi.
"J'ai le coeur plein de douleur mais mes larmes ne pourront jamais atténuer les larmes des enfants", a reconnu Cécile Brossard très amaigrie, sanglée dans une veste noire et un pantalon gris.
Elle a par ailleurs défendu la mémoire de celui avec lequel elle entretenait une relation tumultueuse depuis 2001 et qui a été retrouvé mort dans son appartement genevois vêtu d'une combinaison en latex.
"C'était un homme intelligent, raffiné, extraordinaire à tous égards", a insisté la jeune femme blonde âgée aujourd'hui de 40 ans ajoutant: "Je ne veux pas que ce procès salisse sa mémoire mais seulement dire comment j'en suis arrivée là".
Cécile Brossard, dont les avocats compte défendre le crime passionnel passible de 10 ans de prison, s'exprimait à l'issue des témoignages de la famille d'Edouard Stern, ses trois enfants et son ex-femme.
Celui des enfants s'est déroulé à huis clos à la demande de leur avocat Marc Bonnant, un ténor du barreau genevois. Mathilde (24 ans) et Louis (22 ans), qui assistent au procès prévu jusqu'au 19 juin, ont parlé directement aux jurés tandis qu'un message écrit du plus jeune, Henri (18 ans), a été lu.
La Cour a ensuite réouvert la séance au public et entendu leur mère Béatrice, qui ne s'est pas constituée partie civile. La voix étranglée, cette dernière a également décrit son ex-mari avec lequel elle était restée en "bons termes" comme un "homme extrêmement gentil".
"Il avait des défauts mais il était assez exceptionnel", a-t-elle expliqué, reconnaissant qu'"il pouvait être sec, colérique, soupe au lait". "Il était très exigent avec lui-même et ceux qu'il aimait", a-t-elle résumé.
La personnalité du banquier, 38ème fortune de France et ami du Gotha, dont l'actuel président Nicolas Sarkozy, sera au coeur de ce procès très médiatique qui doit faire la lumière sur les raisons ayant poussé Cécile Brossard à tuer son amant.
L'affaire du million de dollars doit y être également longuement décortiquée, l'accusation la présentant comme le mobile probable du meurtre.
Edouard Stern venait en effet de verser un million de dollars à sa maîtresse avant de se désister, mettant cette dernière hors d'elle. Cécile Brossard était venue s'expliquer sur cette question le fameux soir de février.
"Un million de dollars, c'est cher payé pour une pute...", lui aurait lancé le banquier, la poussant, selon elle, à aller chercher une arme.
Appelée à témoigner, la police scientifique a accablé la jeune femme mercredi matin soulignant que ses aveux avaient durement été arrachés. "Elle ment à tout le monde", a-t-elle expliqué.
Me Bonnant a enfoncé le clou et décrit une personne "systématique, lucide, et de sang-froid" qui a organisé sa fuite en Australie après le meurtre, contactant même sa banque lors d'une escale à Vienne pour tenter de lever le séquestre sur le million promis par son amant.