
Le FBI est-il en train de gagner son bras de fer avec Apple ? Les autorités américaines ont annoncé lundi être en train de tester une méthode "suggérée par un tiers" pour décrypter l'iPhone d'un des auteurs de l'attentat de San Bernardino.
Le FBI ont peut-être trouvé un moyen de gagner son bras de fer très médiatisé contre Apple. Les autorités fédérales américaines pourraient en effet avoir trouvé le moyen de se passer de l'aide que lui refuse la firme à la pomme pour décrypter l'iPhone d'un des auteurs de l'attentat de San Bernardino, après avoir annoncé lundi être sur la piste d'une méthode "suggérée par un tiers".
Ce rebondissement pourrait hâter la fin de la bataille judiciaire opposant les autorités américaines, qui défendent des impératifs de sécurité, à Apple, qui met en avant la protection des données des utilisateurs de ses appareils.
Un juge fédéral de Californie a accédé lundi soir à la demande des autorités de reporter une audience prévue mardi, le temps pour le FBI de tester la méthode en question. Washington, soutenu par des familles de victimes, réclame de pouvoir accéder à des données potentiellement cruciales pour déterminer comment a été organisé l'attentat mené par Syed Farook et sa femme Tashfeen Malik, et notamment s'ils ont bénéficié d'aide extérieure. L'attaque avait fait 14 morts et 22 blessés le 2 décembre dernier.
Pour Washington, Apple n'est pas au-dessus des lois
Apple, de son côté, soutient que décrypter le téléphone de Farook créerait un dangereux précédent qui pourrait justifier que les autorités demandent à l'avenir l'accès aux données personnelles de nombreux citoyens pour diverses raisons. La société a reçu l'appui d'experts en sécurité, de militants pour le droit à la vie privée et d'autres géants technologiques comme Google.
Les autorités affirment de leur côté qu'Apple n'est pas au-dessus des lois et qu'elles ne demandent que l'accès au seul téléphone de Farook, qui travaillait pour les services de santé du comté de San Bernardino et a ouvert le feu sur des collègues réunis pour une fête de Noël.
Tout au long de cette affaire, le gouvernement a "poursuivi ses efforts pour accéder à l'iPhone sans (son) aide", explique le ministère de la Justice (DoJ) dans un communiqué. Des tentatives qui ont abouti dimanche à la "présentation de la part de tierces parties d'une méthode possible pour débloquer le téléphone".
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Pour l'expert en technologies Robert Enderle, interrogé par l'AFP, il pourrait s'agir de John McAfee, créateur de l'anti-virus éponyme, ou d'un ex-employé d'Apple, remarquant par ailleurs que le téléphone de Syed Farook, un iPhone 5, est beaucoup moins sécurisé que les versions plus récentes 6 ou 6S.
"Quelqu'un a convaincu le FBI qu'il a trouvé des failles (dans l'iPhone) que les autres gens ne connaissent pas", mais ces promesses doivent à présent être mises à exécution, renchérit Mike Murray, vice-président de la société Lookout Mobile Security.
La police fédérale veut tester la méthode qui lui a été signalée pour s'assurer qu'elle ne "détruit pas les données du téléphone", mais "nous restons raisonnablement optimistes", poursuit le communiqué du DoJ.
"L'obligation d'aider à la protection des données"
Apple, qui a par ailleurs présenté lundi de nouveaux modèles plus petits et moins chers de son iPhone et de la tablette iPad, avait pour l'instant laissé entendre qu'il ne faiblirait pas.
"Nous devons décider en tant que nation quel pouvoir devrait avoir le gouvernement sur nos données et notre vie privée", a ainsi déclaré le patron d'Apple Tim Cook lundi, lors de la présentation des nouveaux produits.
"Nous pensons fermement que nous avons l'obligation d'aider à la protection de vos données et votre vie privée", a-t-il ajouté.
La firme a toutefois déclaré que si les autorités parvenaient à pénétrer dans le système de l'appareil sans son aide, ce qui pourrait révéler des failles non détectées jusqu'à présent, le groupe de Cupertino espérait qu'elles l'informeraient de la manière dont elles y sont parvenues.
Avec AFP et Reuters