Opposé à l’Angleterre samedi soir en clôture du Tournoi des VI Nations, le XV de France a l’occasion de sauver sa campagne européenne en empêchant son rival historique de décrocher un nouveau grand chelem, le premier depuis 2003.
C’est le premier test majeur de l’histoire du XV de France version Guy Novès. Pour la venue de l’équipe d’Angleterre au stade de France, samedi 19 mars à 21 h (heure de Paris), les Bleus devront élever significativement leur niveau de jeu s’ils veulent sauver un bien terne Tournoi des VI Nations 2016.
Une victoire avec la manière sur les Anglais, en lice pour leur premier grand chelem depuis 2003, confirmerait que le sélectionneur des Bleus a choisi les bons éléments d’un XV qu’il veut joueur, mais aussi combattif et accrocheur.
Et peu importe si ses troupes se sont tour à tour fracassées contre une muraille galloise à Cardiff (19-10) puis ont été incapables d'orchestrer le jeu à leur main face à un XV d'Écosse florissant, dimanche dernier (29-18) à Edimbourg. Peu importe la mêlée chavirée, les transmissions hasardeuses, les "fautes inadmissibles", les interrogations naissantes sur la stratégie et les acteurs après quatre matches.
"Je ne peux pas garantir que les joueurs ne vont pas faire tomber les ballons", plaide Novès, davantage électrisé par les critiques que par l'approche de ce 102e "crunch" de l'histoire. "Mais je suis garant de cette volonté de se déplacer, d'être dynamique", poursuit le sélectionneur qui a conservé 13 des 15 titulaires du dernier match. "Parce que c'est en restant sur cette ligne de conduite qu'on arrivera à rivaliser avec le niveau le plus élevé."
"Amener de la confiance"
En formulant avec force la promesse d'un rugby plus expansif que ces dernières années, Novès libérera-t-il quelques énergies enfouies ? L'an passé, en clôture de l'édition 2015, Angleterre et France s'étaient livrées à une superbe prestation à Twickenham (55-35 pour la Rose), restée sans suite.
Les multiples erreurs commises à Murrayfield ont encore permis de mesurer à quel point la route du redressement serait tortueuse. "Peut-être que la peur de mal faire inhibe certains d'entre eux. On doit pouvoir leur amener de la confiance", répond Novès, jurant qu'il sera "patient" avec ses hommes.
Pour l’heure, l'encadrement du XV de France a planché pour contrer la puissance anglaise, qui pourrait se transformer en furia à l'idée de rafler ce Grand Chelem tant convoité. S'il est acquis qu'il faudra serrer les dents défensivement face aux coups de boutoir de la troisième ligne bodybuildée Haskell-Vunipola-Robshaw, et garder un peu de souffle pour contrôler les flèches anglaises (Watson, Joseph, Nowell...), que proposer offensivement ? Toujours la même litanie de passes après-contact ?
Si la formule a pu fonctionner par séquences, il faudra sans doute y ajouter un poil d'alternance avec un jeu au pied de pression et d'occupation bien mieux maîtrisé. Surtout, les partenaires de Guilhem Guirado devront enfin conserver le ballon sur plusieurs temps de jeu, pour contrôler le rythme de la partie.
En attendant, Novès restera intransigeant sur un point : quoi qu'il arrive, tenir le bras de fer jusqu'au bout. "Pouvoir battre les Anglais on verra, mais relever le défi de l'engagement, j'en suis certain", assure le sélectionneur.
"Les Français vont donner absolument tout"
Quant au plaisir coupable de priver l'éternel ennemi anglais d'un triomphe total, ils n'y pensent même pas. Officiellement du moins. "Est-ce que c'est le but de notre histoire ?", s'interroge Novès. "D'abord regardons le contenu du match. On a envie de se faire plaisir sur le coup, de faire plaisir à nos supporters en montrant une image fantastique de notre comportement", souligne le sélectionneur.
Son homologue anglais Eddie Jones, lui, n'a l'air que moyennement convaincu. "Les Français vont donner absolument tout pour s'assurer que l'on ne gagne pas", insiste l'Australien qui, en quatre matches seulement, a offert au XV de la Rose un premier sacre dans le Tournoi depuis 2011.
"Mais je pense que nous sommes meilleurs et nous devons y croire", continue-t-il, balayant ainsi les fantômes du passé qui avait vu l'Angleterre buter en 2011 et 2013 sur la dernière marche avant le Grand Chelem.
Le XV de France, lui, n'a plus aucune prétention au classement, dans la lignée du mandat Saint-André. "Rivaliser avec les Anglais qui sont annoncés comme étant loin devant, ça c'est un but, une forme d'évaluation", esquive Novès. "Finir 2e, 3e, 4e, 5e, ce n'est pas le but de ce Tournoi. Je l'ai dit et je n'ai pas changé."
Avec AFP