Le premier détenu de Guantanamo transféré sur le sol américain a plaidé non coupable devant un juge fédéral de New York. Il est accusé d'avoir participé aux attentats de 1998 contre des ambassades américaines en Afrique.
AFP - Le premier détenu de Guantanamo à être transféré aux Etats-Unis, le Tanzanien Ahmed Khalfan Ghailani, a plaidé non coupable des accusations de terrorisme mardi devant un juge fédéral de New York.
Amené tôt mardi matin dans une prison du district sud de New York, le Tanzanien de 34 ans, décrit comme un membre important d'Al-Qaïda et détenu à Guantanamo depuis 2006, a été présenté devant un tribunal de droit commun à 16H00 (20H00 GMT).
Accusé d'être impliqué dans les attentats qui ont visé en 1998 les ambassades américaines à Dar es Salaam et Nairobi, le prisonnier, qui portait une chemise bleu pâle, a répondu "non coupable" à la question du juge.
Pas moins de 286 chefs d'inculpation pèsent sur lui, notamment meurtre, complot pour commettre des meurtres, attentats à la bombe et mutilations, et complot pour utiliser des armes de destruction massive contre des Américains.
Il risque la peine de mort.
Une nouvelle audience a été fixée au 16 juin.
Cette comparution d'un premier détenu de Guantanamo devant un tribunal de droit commun constitue un test dans le cadre des efforts de l'administration Obama pour fermer la prison.
"En comparaissant devant un tribunal fédéral aujourd'hui, Ahmed Ghailani rendra compte de son rôle présumé dans les attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie et le meurtre de 224 personnes", a indiqué le ministre de la Justice Eric Holder.
Le président Barack Obama fait face depuis plusieurs semaines à une opposition croissante de la population et du Congrès à la perspective de voir arriver des détenus de Guantanamo sur le sol américain.
Lors d'un grand discours sur la fermeture de Guantanamo le 21 mai, M. Obama avait annoncé le transfèrement prochain et l'inculpation devant un tribunal fédéral de M. Ghailani. Les charges pesant contre celui-ci devant les tribunaux militaires d'exception de Guantanamo avaient été abandonnées dans la foulée.
Le président avait tenté d'apaiser les inquiétudes en assurant que "personne ne s'est jamais échappé de l'une de nos prisons fédérales (dites) supermax, dans lesquelles sont enfermés des centaines de terroristes".
Mais il ne s'agit pas du seul test pour l'administration Obama, qui doit fermer la prison de Guantanamo mais tente aussi de sortir de l'ornière juridique créée par la "guerre contre le terrorisme" lancée par George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001.
Arrêté en 2004 au Pakistan et considéré comme un membre de premier plan d'Al-Qaïda figurant sur la liste des personnes les plus recherchées par le FBI, M. Ghailani fait en effet partie des détenus qui ont transité par les prisons secrètes de la CIA, où plusieurs membres d'Al-Qaïda ont été torturés.
Le choix de l'administration américaine de transférer M. Ghailani devant un tribunal de droit commun représente donc un risque, puisque tout élément à charge recueilli sous quelque forme de contrainte que ce soit n'y est pas recevable.
Mais mardi, Eric Holder a rappelé que "le ministère de la Justice a maintes fois par le passé détenu et jugé avec succès des suspects de terrorisme".
Plus de 30 personnes ont été poursuivies ou condamnées aux Etats-Unis depuis le 1er janvier dans des affaires de terrorisme, a insisté le ministère, affirmant qu'il y avait actuellement 216 détenus ayant un lien avec le terrorisme international dans les prisons américaines.
M. Obama s'est engagé dès sa prise de fonction à fermer Guantanamo d'ici janvier 2010.