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Hassan al-Tourabi, figure de l'opposition soudanaise, est mort

Éminence grise puis farouche opposant du président Omar el-Béchir, Hassan al-Tourabi est décédé samedi à l’âge de 84 ans. Il avait plusieurs fois été arrêté ces dernières années mais n’avait jamais cessé ses critiques contre le régime.

Il avait d’abord été l’éminence grise d’Omar el-Béchir avant de s’engager dans l’opposition. Hassan al-Tourabi est décédé samedi 5 mars à Khartoum, au Soudan, à l’âge de 84 ans.

Selon une source médicale, il a été transféré "à l'unité des soins intensifs samedi matin à la suite d'un infarctus, qui a causé son décès" au Royal Care International Hospital de Khartoum.

La présidence a annoncé la mort de Tourabi dans un communiqué relayé par l'agence officielle Suna, rendant hommage à "l'intellectuel musulman et au savant" qu'il a été. La télévision officielle a diffusé l’information et interrompu ses programmes pour diffuser des versets du coran.

Le président Béchir s'est rendu auprès de la famille du défunt pour présenter ses condoléances, ainsi que des membres de son gouvernement et des responsables de l'opposition.

"Béchir le militaire" et "Tourabi l’islamiste"

Fondateur des Frères musulmans soudanais et chantre d'un panarabisme islamiste, Hassan al-Tourabi accompagna, et même inspira selon certains, le coup d'État qui conduisit en 1989 le général Omar al-Béchir à la tête du plus vaste pays d'Afrique.

Par la suite, les relations entre "Béchir le militaire" et "Tourabi l'islamiste" vont se détériorer et cela aboutira à son incarcération de 2001 à 2003, l'homme étant accusé de vouloir renverser le régime.

Tourabi avait repris à l'été 2005 du service politique à la tête de son parti le Congrès national populaire, se livrant à de virulentes attaques contre le régime qu'il accusait notamment de corruption.

Diplômé des facultés de droit de Khartoum, Londres et Paris-La Sorbonne, cet idéologue au turban blanc et à la courte barbe grise parlait couramment l'anglais, le français et l'allemand outre l'arabe.

Hassan al-Tourabi avait été en 2009 le seul responsable politique à avoir jugé le président Béchir "politiquement coupable" de crimes commis dans la province soudanaise du Darfour, en proie à la guerre civile, soutenant ainsi les poursuites lancées par la Cour pénale internationale.

>> À lire sur France 24 : "La CPI suspend son enquête au Darfour, Omar el-Béchir crie victoire"

Avec AFP