En dépit des bombardements de la Turquie, les Kurdes poursuivent leur avancée dans le nord de la Syrie. Dans le même temps, le ton devient de plus en plus acerbe entre Moscou et Ankara, signe de l'internationalisation croissante du conflit syrien.
Profitant de l'affaiblissement de la rébellion, et en dépit des bombardements turcs, les forces kurdes présentes en Syrie avancent depuis l'ouest de la province d’Alep et ont pris le contrôle, lundi 15 février, de plusieurs localités aux mains de groupes insurgés, ainsi que de l'aéroport de Minnigh.
Les Kurdes pourraient prochainement prendre le contrôle de Tall Rifaat, l'un des trois derniers grands bastions des rebelles dans la province. Les combats faisaient rage lundi dans cette petite ville tenue par des islamistes soutenus par la Turquie et l'Arabie saoudite, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Plus tôt dans la journée, dans le nord-ouest du pays en guerre, un hôpital soutenu par Médecins sans frontières (MSF) a été pris pour cible par des frappes aériennes, vraisemblablement russes, qui ont tué au moins sept personnes, tandis que huit membres du personnel étaient portés disparus, selon l'ONG.
"Riposte extrêmement résolue"
De son côté, l'armée turque a pilonné, pour le troisième jour consécutif, des positions des forces kurdes à proximité de la frontière syro-turque dans la province septentrionale d'Alep.
Dans le même temps, le ton devient de plus en plus acerbe entre Moscou et Ankara, témoignant de l'internationalisation croissante du conflit syrien. La Russie, principale alliée du régime de Bachar al-Assad, a dénoncé les "actions agressives" de la Turquie en Syrie qui s'apparentent, selon elle, à un "soutien non voilé au terrorisme international".
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Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a répliqué en accusant la Russie de se comporter "comme une organisation terroriste" en dans ce pays où elle mène, au même titre que les jihadistes de l’organisation de l’État islamique (EI) des "attaques barbares contre la population civile". Si elle continue, "nous lui opposerons une riposte extrêmement résolue", a-t-il averti.
Cette guerre des mots est suivie avec une inquiétude croissante par les pays occidentaux, qui semblent impuissants à peser sur le cours des évènements.
'Ligne rouge' pour la Turquie
Dans cette bataille, les Kurdes ne se sont alignés ni sur le régime, ni avec les rebelles : leur objectif est de relier les zones qu'ils contrôlent dans le nord de la Syrie afin de créer une région autonome unifiée, à l'image de leurs frères irakiens. Selon l'OSDH, ils contrôlent les trois quarts des 800 km de frontière.
Malgré les appels lancés par Washington et Paris à y mettre fin, Ahmet Davutoglu a prévenu que les bombardements allaient se poursuivre, notamment pour empêcher les Kurdes de prendre Azaz, une ville située à une dizaine de kilomètres de la frontière turque.
Pour les Turcs, le Parti de l'union démocratique (PYD) et le YPG, sa branche armée, sont avant tout des organisations "terroristes" liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une rébellion meurtrière en Turquie depuis 1984.
"Attaque délibérée"
L'implication turque embarrasse les Occidentaux, qui sont à la fois alliés de la Turquie au sein de l'Otan, et des Kurdes, qu'ils considèrent comme la force la plus capable de lutter contre l'EI qui contrôle une partie de la Syrie et de l'Irak.
Elle rend aussi encore plus complexe la situation militaire dans la province d'Alep, quinze jours après le début, le 1er février, d'une vaste offensive des forces du régime, soutenues par d'intenses bombardements russes.
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L'armée syrienne encercle désormais presque totalement les quartiers rebelles d'Alep, l'ex-capitale économique du pays, et progresse au nord de la ville.
La poursuite des combats laisse peu d'espoir qu'une "cessation des hostilités" puisse intervenir en fin de semaine, comme le prévoit l'accord conclu entre les grandes puissances vendredi à Munich, en Allemagne.
D'autres frappes, vraisemblablement russes aussi, ont fait dix morts, dont trois enfants, à Azaz et dans une localité mitoyenne, selon l'OSDH.
Avec AFP