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Dernière ligne droite pour un scrutin qui peine à mobiliser

Dix-neuf pays votent ce dimanche pour élire leurs eurodéputés. Dans un ultime effort de mobilisation, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a appelé les citoyens à se rendre aux urnes.

AFP - Les Européens sont entrés dimanche dans la dernière ligne droite des élections du Parlement de Strasbourg, avec un nouveau fiasco électoral promis à Gordon Brown en Grande-Bretagne et pour le reste la menace d'une abstention record et d'une percée des partis protestataires.

Dans un ultime effort de mobilisation, le président de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Barroso, a exhorté les citoyens de l'Union européenne à se rendre aux urnes pour élire les députés du Parlement européen, "une assemblée chaque jour plus importante".

"J'aimerais que la tendance à une participation en baisse s'inverse", a déclaré M. Barroso en votant dans son pays, à Lisbonne. Il a rappelé qu'"il y a vingt ans, dans beaucoup de pays qui sont aujourd'hui dans l'UE, on ne pouvait pas voter en liberté".



Dans un scrutin étalé sur quatre jours depuis jeudi, quelque 388 millions de citoyens ont été appelés à élire 736 eurodéputés. La plupart des pays, dont la France, l'Allemagne, l'Espagne ou la Pologne n'ont commencé à voter que dimanche.

Les premiers résultats officiels sur la couleur politique du Parlement seront connus à partir de 20H00 GMT, mais dès le début de soirée des sondages sorties des urnes nationaux devraient donner la tendance.

Une abstention record se profile après avoir déjà atteint 54,6% lors du précédent scrutin. En cause: un Parlement européen jugé trop lointain par les électeurs, et un manque d'enjeu clair pour ce scrutin.

En Italie, où ces élections constituent un test pour le chef du gouvernement Silvio Berlusconi confronté à des scandales, la participation a enregistré une baisse le premier jour à 17,8% contre 20,5% au même moment il y a cinq ans. Aux Pays-Bas, la participation n'a été que de 36,5% contre 39,2% en 2004.

En France, les sondages prédisent un taux d'abstention compris entre 56% et 62%, contre 57,2% en 2004.

En Allemagne, pays qui élit le plus grand nombre d'eurodéputés, les électeurs pourraient être un peu plus mobilisés par la concomitance d'élections municipales. Mais ils ont surtout les yeux rivés sur les législatives de fin septembre.

Ce manque d'intérêt constitue un terreau favorable aux partis anti-européens qui capitalisent sur les difficultés des gouvernements face à la crise, la peur de l'immigration et le désamour de nombre d'électeurs vis-à-vis de l'Europe.

Aux Pays-Bas, le ton a été donné dès jeudi avec une percée du parti d'extrême droite islamophobe du député Geert Wilders qui a obtenu 17% des voix.

En Autriche, le parti d'extrême droite FPÖ est crédité dans les sondages de plus de 15% des suffrages contre 6,31% en 2004. Et en Roumanie, le scrutin pourrait permettre au Parti de la Grande Roumanie (PRM, extrême droite) d'entrer au Parlement européen.

Même scénario en Hongrie. Le parti d'extrême droite Jobbik peut prétendre à un ou deux sièges.

En Grande-Bretagne, où le Premier ministre travailliste Gordon Brown a déjà reconnu la défaite du Labour, le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui prône le retrait de l'UE, pourrait dépasser les 20% et devancer le Labour.

Après une déroute humiliante aux élections locales, Gordon Brown va voir la pression pour qu'il démissionne augmenter encore d'un cran, avec une rébellion au sein de son parti.

Globalement en Europe, les sondages prévoient une victoire pour les partis de droite qui dirigent déjà une vingtaine de gouvernements dans les 27 pays de l'UE.

Du coup, les grands équilibres du Parlement européens devraient rester inchangés. La gauche social-démocrate, incapable de tirer profit de la crise, devrait rester la deuxième force politique derrière le centre-droit, et devant les Libéraux.