
Alors que l'Italie exige que toute la lumière soit faite sur le meurtre de l'étudiant italien retrouvé torturé au Caire la semaine dernière, l'Égypte rejette toute responsabilité. "Il n'a pas été arrêté par la police", affirme Le Caire.
Le meurtre de l'étudiant italien de 28 ans, torturé à mort au Caire, empoisonne les relations entre l'Italie et l'Égypte. Rome a de nouveau exigé, lundi 8 février, que les "vrais responsables" du supplice de Giulio Regeni soient identifiés et punis.
"Nous ne nous contenterons pas de demi-vérités [...]. Nous voulons que les vrais responsables soient identifiés et punis selon la loi", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, dans un entretien au quotidien La Repubblica.
"Ce ne sont pas les pratiques de l'appareil d'État"
Mais les autorités égyptiennes ont vivement rejeté "ces accusations". À un journaliste qui lui demandait au Caire si le jeune Italien avait été "arrêté par la police", le ministre égyptien de l'Intérieur, Magdy Abdel Ghaffar, a répondu que "cela n'[était] pas arrivé". "Nous n'acceptons pas même qu'on y fasse allusion, ce ne sont pas les pratiques des appareils de sécurité de l'État", a-t-il insisté.
Giulio Regeni, 28 ans, était doctorant à l’université britannique de Cambridge et faisait des recherches pour une thèse sur les mouvements ouvriers en Égypte. Selon les récits d’amis et d’étudiants, il aurait disparu alors qu’il se rendait à un rendez-vous à une station de métro dans le centre du Caire, vers 20 heures, le 25 janvier, jour anniversaire de la révolte populaire de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir. Ce jour-là, les autorités avaient interdit tout rassemblement et la capitale était quadrillée par des policiers et soldats.
Depuis que le corps a été retrouvé le 3 février au Caire, dans un fossé, une enquête a été ouverte par les autorités égyptiennes mais aussi par des enquêteurs italiens qui se sont rendus sur place vendredi. Les autorités égyptiennes semblent collaborer, a fait savoir le ministre des Affaires étrangères italien.
Traces de torture
En Italie, la colère gronde à mesure que la presse révèle les éléments relevés lors de l'autopsie réalisée à Rome samedi, juste après le rapatriement du corps. Selon les premiers éléments de l'autopsie, la mort a été provoquée par un coup violent à la base du crâne. Le corps portait également de multiples fractures, des traces de coups répétés, de brûlures et d'autres sévices. Les bourreaux avaient arraché tous les ongles de pieds et de mains du jeune homme, ont révélé les médias italiens.
Les défenseurs des droits de l'Homme et les opposants en Égypte affirment que Giulio Regeni a été arrêté par la police ou les renseignements qui l'ont torturé pour obtenir des informations. Les milieux diplomatiques et la presse italienne penchent aussi pour cette thèse.
Les organisations internationales de défense des droits de l'Homme dénoncent régulièrement des disparitions d'opposants, des tortures et des tabassages à mort par les services de sécurité, au point que le président en personne avait demandé récemment aux policiers de faire preuve de retenue et prévenu qu'ils auraient "des comptes à rendre", après plusieurs cas de morts brutales dans des commissariats.
Plusieurs voix se sont élevées depuis la mort de l'étudiant pour réclamer des funérailles d'État. La décision revient au chef du gouvernement, Matteo Renzi.
Avec AFP