Le parti de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, qui a largement remporté en novembre 2015 les premières élections libres du pays depuis un quart de siècle, a fait lundi son entrée au Parlement.
Aung San Suu Kyi entre véritablement en scène ce lundi 1er février. Après une victoire écrasante en novembre 2015 aux premières élections libres depuis un quart de siècle, le parti de la prix Nobel de la paix fait son entrée au sein du Parlement et va devoir former le premier gouvernement issu d'élections libres dans un pays marqué par des décennies de junte militaire. "C'est un moment historique pour le pays", estime l'analyste politique Khin Zaw Win."C’est aujourd’hui symboliquement l’aboutissement d’une très longue marche vers le pouvoir pour ce parti d’opposition", commente pour sa part Cyril Payen, correspondant de France 24.
Quelque 390 députés de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), tout d'orange vêtus, sont arrivés tôt lundi pour signer leur première feuille de présence, en haut des marches du gigantesque parlement birman, dans la capitale administrative Naypyidaw. "Nous allons travailler pour que les droits de l'Homme et la démocratie soient respectés et pour établir la paix", a déclaré Nyein Thit, député NLD, à son arrivée.
Tous savent que pèsent maintenant sur leurs épaules les immenses attentes d'une population qui fut cadenassée par les militaires quasiment depuis l'indépendance en 1948 et qui rêve de grands changements.
"Les inquiétudes s'amoncèlent"
Et la nouvelle majorité a tout à apprendre. Seule une vingtaine de ces élus a déjà une expérience parlementaire, dont Aung San Suu Kyi, qui passe de son statut de chef de l'opposition à celui de leader de la majorité parlementaire. "Voilà ce pour quoi nous nous sommes battus pendant toutes ces années. Mais maintenant que le moment est venu, les inquiétudes s'amoncèlent", souligne Khin Zaw Win, précisant qu'Aung San Suu Kyi et ses collègues avaient la dure mission d'être opérationnels le plus rapidement possible.
it"La plupart des gens […] qui ont été élus sont des gens rentrés de la clandestinité, note Cyril Payen. Il y a notamment certains artistes qui ont été les premiers dans ce combat démocratique auprès d’ Aung San Suu Kyi. Il y a des musiciens, des peintres, des rappeurs… Tout cela ne fait pas des politiciens roués aux machineries compliquées" du pouvoir en Birmanie.
Cette dernière ne pourra pas devenir présidente. En l'état actuel, elle ne peut en effet se présenter en raison d'un article de la Constitution qui bloque l'accès à la magistrature suprême les personnes ayant des enfants de nationalité étrangère. Or ses deux enfants sont britanniques. Pour l'instant, la NLD n'a pas précisé qui serait son candidat. Mais la dame de Rangoun a prévenu avant les élections qu'elle serait de toute façon "au-dessus du président".
Le pays, qui compte 51 millions d'habitants, reste l'un des plus pauvres de la région. L'éducation comme la santé sont des secteurs en ruine et seule 30 % de la population a l'électricité.
Avec AFP