L'envoi au Burundi d'une force africaine de maintien de la paix, à laquelle s'oppose fermement Bujumbura, sera au menu du sommet des chefs d’État africains qui s'est ouvert ce samedi en Éthiopie.
Les chefs d'État africains, réunis samedi 30 janvier en sommet à Addis Abeba, en Éthiopie, doivent se prononcer sur l'éventuel envoi au Burundi d'une force africaine de maintien de la paix afin d'enrayer le cycle de violences. Une proposition âprement discutée lors d'une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'Union Africaine (UA) qui s’est tenue dans la nuit de vendredi à samedi.
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Organisée à la veille de l'ouverture du 26e sommet de l'organisation continentale, cette séance s'est terminée tard dans la nuit sans que les participants, parmi lesquels une douzaine de chefs d'État africains et le secrétaire général des Nations unies Ban ki-Moon ne trouvent un accord, Bujumbura ayant réitéré son refus catégorique d’un déploiement d'une telle force au Burundi.
Le pays est plongé dans une crise aigüe depuis fin avril et l'annonce de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat controversé. Ce dernier s'est de nouveau fermement opposé à l'envoi de la Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu).
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"À aucune condition nous ne sommes prêts pour cette force", a déclaré à la presse le ministre burundais des Affaires étrangères Alain Aimé Nyamitwe. Et d’ajouter : "La présidente de la Commission (de l'UA), le Commissaire [en charge de la] paix et [la] sécurité se sont exprimés pour donner les raisons pour lesquelles ils estimaient que l'envoi de la force était justifié. Nous avons précisé que cet envoi de force n'était pas justifié, nous avons donné les raisons de ce rejet parce que nous estimons que la situation au pays est sous contrôle du point de vue sécuritaire".
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Un pouvoir inflexible aux pressions de l'UA et de l'ONU
Depuis le début de la crise, en avril 2015, plus de 400 personnes ont été tuées et pas moins de 230 000 personnes, parmi lesquels de nombreux opposants, militants associatifs et journalistes ont été poussés à l'exil.
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L'échec d'un coup d'État militaire, puis la brutale mise au pas de six semaines de manifestations à Bujumbura n'ont pas mis fin aux violences et le pouvoir du président Nkurunziza - dont on ignore s'il assistera au sommet samedi et dimanche - reste inflexible aux pressions de l'UA et de l'ONU.
Son ministre des Affaires étrangères a indiqué que le Burundi n'était pas isolé dans son refus. "Il n'y a pas que les Burundais qui sont réticents à cette idée" de déploiement, a ainsi déclaré le président gambien Yahya Jammeh, qui participait à la réunion.
À la question: "Êtes-vous opposé au déploiement de cette force au Burundi", Yahya Jammeh a répondu: "sans l'accord du Burundi, oui". Une majorité des deux-tiers est requise pour autoriser l'envoi de cette mission.
"En plus des efforts de lobbying du Burundi, de nombreux chefs d'État seront réticents à créer un précédent sur le déploiement de troupes de l'UA dans un pays qui s'y oppose clairement", expliquait récemment à l'AFP Yolande Bouka, chercheuse de l'Institut des Études de sécurité (ISS), basé en Afrique du Sud.
Avec AFP