
Finale dame 100 % russe, ce samedi, aux Internationaux de France, entre Dinara Safina (à dr.) et Svetlana Kuznetsova (à g.), deux championnes qui se connaissent depuis qu'elles ont l'âge de tenir une raquette en main. Portrait croisé.
2004-2009. Cinq ans après le duel entre Elena Dementieva et Anastasia Myskina qui avait tourné à l'avantage de cette dernière, la finale dames des Internationaux de France 2009 opposera à nouveau deux joueuses russes. Numéro un mondiale, Dinara Safina aura l'avantage de partir favorite contre sa compatriote, Svetlana Kuznetsova, classée septième.
Les deux joueuses se connaissent bien, et pas seulement parce qu'elles se sont déjà affrontées à 13 reprises en match officiel au cours de leur carrière (huit victoires pour Safina, cinq pour Kuznetsova). Depuis leur plus jeune âge, l'une et l'autre ne cessent de se croiser.
"Je me souviens avoir joué contre Dinara lorsque j'avais 12 ou 13 ans, confie Svetlana, qui a un an de plus que son adversaire du jour. Elle était déjà super forte et ne m'avait laissé aucune chance. Je me souviens avoir perdu le match 6-1 6-0. En la regardant, je me disais que je n'arriverais jamais à atteindre son niveau. Un jour, nous nous sommes revues et je lui ai demandé si elle se souvenait de moi. Elle m'a alors dit qu'elle se rappellait que j'étais fan de rock et que je venais disputer mes matchs avec une grosse bouteille de Coca !"
Soeur cadette de Marat Safin, Dinara, elle non plus, n'a pas oublié cette anecdote : "Svetlana était marrante. Elle arrivait toujours avec une bouteille de soda. Quand je la regardais, je n'imaginais pas qu'un jour elle remporterait un tournoi du Grand Chelem. Pourtant, elle en a gagné. Lorsqu'elle est partie, elle est passée à la vitesse supérieure."
Numéro un sans avoir gagné un seul Grand Chelem
Arrivée en Espagne à 13 ans sur les conseils de la mère des Safin - alors entraîneuse de tennis -, Svetlana Kuznetsova voit son travail couronné de succès en 2004. Àgée de 19 ans seulement, elle remporte alors l'US Open et s'installe durablement dans le top 10 du classement WTA. L'année suivante est bien moins faste pour la joueuse, qui ne dispute qu'une seule finale - perdue - à Varsovie. Mais elle se reprend en 2006, se hissant en finale des Internationaux de France où elle s'incline face à la quadruple tenante du trophée Suzanne-Lenglen, Justine Hénin-Hardenne. En 2009, sa victoire à Stuttgart l'a remise d'aplomb, lui permettant d'aborder Roland-Garros en pleine confiance malgré une blessure au pied.
Comme sa compatriote, Dinara Safina est, elle aussi, déjà passée à côté d'une victoire à Paris. C'était l'an dernier, contre la Serbe Ana Ivanovic. Après avoir longtemps évolué dans l'ombre de son frère depuis son entrée sur le circuit professionnelle en 2002, Safina est devenue numéro un mondiale en avril dernier, sans avoir gagné un seul tournoi du Grand Chelem. "La façon dont je joue aujourd'hui démontre que je ne démérite pas", affirme la championne, qui s'apprête à disputer sa troisième finale d' un tournoi du Grand Chelem.
Si Dinara Safina et Svetlana Kuznetsova partagent donc certains points communs, elles useront d'un style de jeu bien différent pour tenter de décrocher leur Graal, samedi. Dinara appliquera sans doute la recette qui lui a si bien réussi depuis le début du tournoi, faite d'un savant mélange de puissance, d'application et d'agressivité. Svetlana, elle, s'appuiera à coup sûr sur sa hargne et son coup droit. Mais en tant qu'outsider, elle tâchera, avant tout, "de s'amuser et de prendre du plaisir, dit-elle, parce que, en fin de compte, il ne s'agit que d'un jeu !"