
La cour d'appel de Paris a validé, mardi, la légalité des enregistrements qui avait mené à la mise en examen de deux journalistes français pour chantage et tentative d’extorsion à l’encontre de Mohammed VI, le roi du Maroc.
La cour d'appel de Paris a validé, mardi 26 janvier, les enregistrements clandestins à l'origine de la mise en examen d’Éric Laurent et Catherine Graciet, les deux journalistes français soupçonnés d'avoir voulu extorquer de l'argent au roi du Maroc en échange de l'abandon d'un livre censé contenir des révélations gênantes pour la famille royale.
Les deux reporters avaient été interpellés le 27 août en possession de 80 000 euros en liquide alors qu’il sortait d'un rendez-vous avec l’avocat du Palais, Me Hicham Naciri, qui les avait enregistrés à leur insu. Deux premières rencontres, seulement entre Éric Laurent et ce même émissaire marocain, avaient également été enregistrées. Bien qu’ils reconnaissent tous deux avoir reçu une avance de 40 000 euros chacun, les deux journalistes réfutent tout chantage et arguent que la transaction leur a été proposée par leur interlocuteur.
"Déloyal"
Éric Laurent, 68 ans, et Catherine Graciet, 41 ans, avaient attaqué la procédure devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel, en demandant l'annulation des enregistrements des deuxième et troisième rendez-vous. Leurs avocats reprochent au parquet de Paris, ainsi qu’aux juges d'instruction, d'avoir laissé l'émissaire marocain procéder lui-même aux captations, avec son téléphone, alors qu'une procédure judiciaire était ouverte après le premier rendez-vous. Or, selon eux, dans un tel cadre, la sonorisation d'un lieu répond à des règles plus strictes, d'autant plus que les journalistes doivent protéger leurs sources.
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L'annulation de ces enregistrements, qui a été refusée par la cour d'appel, aurait affaibli la procédure. "Il n'y a aucun doute sur le fait que la preuve a été obtenue de manière déloyale, ni que le parquet et les services de police se sont immiscés dans ce stratagème. Il s'agit d'un débat de principe fondamental qui sera tranché par la Cour de cassation", ont déclaré les avocats d'Éric Laurent, William Bourdon et Bertrand Repolt.
De son côté, l'avocat du Maroc, Ralph Boussier, s'est félicité que les enregistrements soient reconnus "comme des pièces à conviction". La cour d'appel a notamment retenu que le contenu des conversations ne permettait pas de connaître les sources des informations que les journalistes prétendaient posséder, a-t-il expliqué.
Avec AFP