
Invité de "L'entretien" de France 24, le Premier ministre tunisien, Habib Essid, a promis que son gouvernement ferait tout ce qu'il peut pour mettre fin à la grave crise sociale que traverse la ville de Kasserine, dans le centre de la Tunisie.
Depuis plusieurs jours, des manifestations contre le chômage secouent la ville de Kasserine, dans le centre de la Tunisie. Cette contestation contre l'exclusion sociale s'est aujourd'hui étendue à de nouvelles villes, dont la capitale Tunis. Face à la dégradation de la situation, le Premier ministre, Habib Essid, a écourté sa visite en Europe.
Reçu sur le plateau de France 24, à Paris, le chef du gouvernement tunisien a expliqué, vendredi 22 janvier, prendre le problème à bras-le-corps. "Nous sommes conscients de notre mission difficile […] et parfaitement au courant de la situation", a-t-il déclaré. "Mais nous sommes une jeune démocratie. Et pendant la jeunesse, il y a une période d’adolescence à traverser", a-t-il ajouté.
Le gouvernement du président Béji Caïd Essebsi a annoncé, mercredi, qu’il allait embaucher plus de 6 000 jeunes actuellement au chômage à Kasserine et lancer des projets de construction. Mais pour cela, il faut laisser du temps au temps, a insisté Habib Essid. "Nous n'avons pas une baguette magique pour donner un emploi à tout le monde en même temps". "Ce qui se passe en Tunisie avec la jeunesse n'est pas récent. Nous héritons de cette situation [...] Les créations d’emplois demandent énormément d’efforts […] Il faut que les gens soient patients."
Habib Essid a insisté sur le fait que le pays doit dans le même temps relever un important défi sécuritaire. La frontière avec la chaotique Libye est assez poreuse et les Tunisiens sont nombreux à rejoindre les rangs de l'organisation de l’État islamique (EI) en Irak et en Syrie. "Ces départs sont le résultat d'un vide […] à cause du manque d'emploi", a-t-il reconnu. "Nous faisons tout notre possible pour que notre jeune démocratie soit une réussite dans la région".
Le taux de chômage en Tunisie a atteint 15,3 % de la population active à la fin 2015, contre 12 % en 2010, et les attentats islamistes qui ont frappé le pays l’an dernier ont pesé sur l’économie, en particulier sur le secteur touristique.
Avant de rejoindre Tunis, Béji Caïd Essebsi a rencontré vendredi le président français à Paris. Les services de François Hollande ont annoncé après leur déjeuner en commun que Paris allait mettre en œuvre un plan de soutien à la Tunisie, à hauteur d'un milliard d'euros sur cinq ans. "Un des axes majeurs de ce plan vise à aider les régions défavorisées et la jeunesse, en mettant l'accent sur l'emploi", a précisé l'Élysée dans un communiqué.