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Barack Obama a loué, dimanche, l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire historique avec Téhéran. Mais en dépit de ce dégel, Washington a annoncé de nouvelles sanctions à l'encontre de l'Iran, dénonçant notamment sa politique des droits de l'Homme.

Les États-Unis ont annoncé, dimanche 17 janvier, de nouvelles sanctions liées au programme de missiles balistiques de l'Iran, alors même que Barack Obama, venait de saluer les "progrès historiques" réalisés grâce à la diplomatie au lendemain de la levée des sanctions sur le programme nucléaire iranien. Le président américain s’était également félicité de l'échange de prisonniers entre les États-Unis et l'Iran annoncé par Téhéran.

"Accord sur le nucléaire entré en vigueur, familles américaines réunies (...) Nous avons réalisé des progrès historiques grâce à la diplomatie sans passer par une nouvelle guerre au Moyen-Orient", a déclaré Barack Obama depuis la Maison Blanche dimanche. "Cela démontre ce que nous pouvons faire avec de la force, de la sagesse, du courage et de la patience", a-t-il ajouté.

Le rapprochement entre les deux pays s'est concrètement matérialisé ces derniers jours par un important échange de prisonniers impliquant onze personnes, dont le reporter du Washington Post Jason Rezaian, et la libération rapide de marins américains entrés par erreur dans les eaux iraniennes. Le correspondant du quotidien américain, ainsi que deux des quatre prisonniers américains libérés par l'Iran, ont atterri dimanche soir en Allemagne.

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Les États-Unis saluent l'accord mais décrètent de nouvelles sanctions contre l’Iran

Obama souligne de "profondes différences" avec l'Iran

Malgré ce rapprochement significatif, "la méfiance et la défiance restent de mise entre ces deux pays" a rappelé Gallagher Fenwick, correspondant de France 24 à Washington. Dans son discours, Barack Obama a insisté sur les "profondes différences" qui persistent entre Washington et Téhéran. Le président américain a dénoncé le "comportement déstabilisateur de l'Iran", citant des violations des droits de l'Homme ou encore le programme iranien de missiles balistiques.

À cet égard, l'annonce du Trésor américain, dimanche, de nouvelles sanctions liées au programme de missiles balistiques de l'Iran est venu rappeler que le rapprochement ne sera pas si simple entre les deux pays ayant rompu leurs relations diplomatiques il y a 35 ans. Cinq ressortissants iraniens et un réseau d'entreprises basées aux Émirats arabes unis et en Chine ont été ajoutés à la liste noire financière américaine. Leurs éventuels avoirs aux États-Unis seront gelés car ces entreprises et individus sont accusés d'avoir favorisé l'acheminement de composants de missiles balistiques vers l'Iran en "dissimulant" leur destination finale par un réseau de sociétés écran, a indiqué le Trésor.

Inquiétude d’Israël et de l’Arabie saoudite

Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a semblé calmer le jeu en annonçant le remboursement à l'Iran de 1,7 milliard de dollars de dette et d'intérêts remontant à la Révolution islamique de 1979, qui avait mis fin à un régime iranien soutenu par les États-Unis.

Entré en vigueur samedi, l'accord nucléaire conclu le 14 juillet vise à garantir la nature strictement pacifique du programme nucléaire iranien en échange de la levée de sanctions ayant asphyxié l'économie de ce pays. Cet accord, qui a mis fin à un contentieux de plus de 13 ans, est considéré comme un succès majeur de politique étrangère pour les présidents Obama et Rohani, mais suscite aussi les critiques des plus conservateurs dans leur pays respectif.

L'amorce de rapprochement entre Téhéran et Washington inquiète aussi les alliés traditionnels des États-Unis dans la région - Arabie saoudite et Israël en tête -, qui redoutent l'influence de la puissance chiite. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, dont le pays est l'ennemi juré de l'Iran, a répété qu'Israël ne "permettrait pas à l'Iran de se doter de l'arme nucléaire".

Le président iranien, Hassan Rohani, s'est toutefois voulu rassurant déclarant samedi que "l'accord n'est contre l'intérêt d'aucun pays". "Les amis de l'Iran sont contents et ses adversaires ne doivent pas être inquiets. L'Iran n'est une menace pour aucun pays (...)" a-t-il souligné.

Avec AFP