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Trois jours de deuil national ont été décrétés au Burkina Faso, au lendemain des attaques terroristes au cours desquels 29 personnes ont été tuées à Ouagadougou. L'enquête se poursuit, le niveau d'alerte terroriste a été relevé.

Le Burkina Faso a entamé un deuil national de trois jours, dimanche 17 janvier, au lendemain de la première attaque jihadiste revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) au cœur de Ouagadougou, la capitale burkinabè. L'attentat terroriste, qui a visé un hôtel de la ville, a fait 29 morts, dont de nombreux étrangers. Tandis que les forces de l'ordre poursuivaient dimanche des opérations de ratissage à la recherche d'éventuels jihadistes en fuite, le president burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a annoncé samedi que la sécurité serait relevée d’un cran dans le pays pour faire face à la menace.

Dans un message télévisé, adressé à la nation depuis la chaîne nationale Burkina 24, il a demandé à la population de respecter les nouvelles restrictions que les nouvelles mesures de sécurité engendreront. Le chef d’État, récemment élu après une transition chaotique, a souhaité que le Burkina Faso reste uni dans le combat contre le terrorisme, appelant le peuple burkinabè au "courage" et à la "vigilance". Le Burkina est "sous le choc", a-t-il déclaré, car "pour la première fois de son histoire", il a "été victime d'une série d'attaques terroristes barbares, ignobles, d'une ampleur sans précédent, et d'une lâcheté inouïe".

"Les jihadistes viennent d'ailleurs"

Dans la capitale burkinabè dimanche matin, les forces de l'ordre étaient en action et le contrôle des hôtels a été renforcé. "Le ratissage continue, 129 hôtels ont été fouillés", a indiqué le ministre de l'Intérieur burkinabè Simon Compaoré. Jusqu’ici les corps de trois jihadistes ont été identifiés, tous des hommes, selon le ministre. De nombreux témoignages font état de plus de trois assaillants, les enquêteurs cherchent à vérifier ces affirmations. Plusieurs témoins ont aussi évoqué la présence de deux femmes, les autorités ont réfuté cette thèse.

Douze enquêteurs français - six gendarmes et six policiers - sont arrivés dimanche pour aider à mener l'enquête, selon une source diplomatique.

Sur les lieux de l'attaque, le périmètre de sécurité a été élargi et la zone n'était pas accessible a constaté l’AFP. Des enquêteurs avec des gants blancs en plastique étaient visibles dans les rues autour de l'hôtel Splendid et du café-restaurant Cappuccino, principales cibles des jihadistes.

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Le Burkina Faso entame un deuil national de trois jours après l'attaque jihadiste

Militaires et gendarmes tenaient à distance des groupes de badauds venus sur les lieux pour "pleurer nos morts et comprendre ce qui s'est passé", selon Jean Compaoré, un chrétien venu sur les lieux du massacre. À ses côtés, Lamnine Thietambo, un musulman. "Nous mangeons dans le même plat", a expliqué Jean Compaoré : "Au Burkina, nous n'avons pas problème religieux. On vit ensemble. On n'a pas de problème ethnique. Il y a 63 ethnies qui vivent ensemble. Les jihadistes viennent d'ailleurs". Son compagnon musulman confirme : "On est amis. Les jihadistes, ce n'est pas la religion. Ce ne sont pas des croyants. Ils tuent tout le monde, des innocents. Ce ne sont pas des musulmans".

Critique des forces de l'ordre burkinabè

"Nous serons plus vigilants, mais ça ne peut pas nous empêcher de vivre avec nos autres frères ailleurs, que tu sois noir ou blanc, que tu sois chrétien ou musulman", a assuré Daouda Moumoula, un autre passant burkinabè interrogé par l'AFP. Les badauds clament aussi leur colère. "On dit qu'ils viennent du Niger. Normalement les frontières sont contrôlées. Comment ça a pu arriver ?", interroge Jean Compaoré. "Il n'y pas une attaque sans complicités", réagit un badaud.

Plus loin, d'autres critiquent les forces de l'ordre. "Ils ont tardé pour arriver", dit un homme sous couvert d'anonymat alors que militaires burkinabè ont mis plusieurs heures pour s'organiser, selon des témoignages concordants. La nuit de l'attaque, les premiers membres de forces de l'ordre arrivés sur place - certains par conscience, sans y avoir été envoyés par leur hiérarchie - n'avaient pas d'armes ou seulement des armes de poing. Un homme souligne que "les armes des militaires sont moins bonnes que celles des jihadistes". "Il faut moderniser l'armée", conclut le passant.

Avec AP et AFP