Le Danemark a instauré lundi matin des contrôles temporaires à sa frontière avec l'Allemagne, à la suite de mesures analogues prises par la Suède, afin de ralentir l'entrée des migrants dans le pays.
Craignant un afflux de migrants, le Danemark a instauré, lundi 4 janvier, des contrôles temporaires à sa frontière avec l'Allemagne. Cette mesure fait suite aux mesures similaires prises par la Suède. Depuis ce matin, Stockholm a imposé des contrôles systématiques de documents d’identité sur tous les voyageurs arrivant du Danemark en train, bus ou ferry par le pont - ou le détroit - de l'Öresund. Ce pont, principale porte d'entrée des réfugiés dans le royaume, relie la ville danoise de Copenhague, à la ville suédoise de Malmö.
À en croire le Premier ministre danois Lars Lokke Ramussen, la décision suédoise n'a pas laissé d'autre choix à Copenhague que d'imposer ses propres contrôles aux frontières, et le Danemark en a appelé à l'Union européenne pour qu'il prenne des "décisions collectives" afin de mieux protéger ses frontières extérieures face à l'afflux de migrants. "Les contrôles d'identité suédois peuvent accroître le risque qu'un grand nombre d'immigrants clandestins ne s'accumulent à Copenhague et dans sa région", a déclaré le chef du gouvernement danois, lors d'une conférence de presse.
En Suède, une trentaine de points de passage ont été installés sur l'Öresund dont la partie supérieure est empruntée par des voitures et la partie inférieure par des trains. "Je crois que ces contrôles d'identité seront efficaces. Un plus grand nombre de migrants devront demander l'asile dans d'autres pays", assurait le ministre de l'Immigration, Morgan Johansson, lors de l'annonce de ces contrôles le 17 décembre.
La Suède avait déjà rétabli le 12 novembre les contrôles à ses frontières, concentrés sur le pont de l'Öresund et les ferries en provenance des ports danois et allemands de la mer Baltique. Mais ils n'étaient réalisés qu'en certains points du trajet et de façon aléatoire. Ils seront désormais systématiques. Les migrants tentant d'embarquer sans papiers d'identité sont automatiquement refoulés.
La Suède a accueilli plus de 160 000 réfugiés
La Suède, qui compte plus de 20 % de résidents d'origine étrangère, avait jusqu'ici ouvert grand sa porte aux réfugiés. La Suède a vu près de 163 000 personnes déposer une demande d'asile cette année, avec une accélération spectaculaire entre août et novembre qui a épuisé tous les logements disponibles. Rapporté à la population, c'est le nombre le plus élevé de l'Union européenne.
Concrètement, ces contrôles d'identité devraient avoir une forte incidence sur les communications entre la Suède et le Danemark, en particulier sur les 8 600 personnes qui font la navette quotidiennement entre Copenhague et Malmö. Les trains seront moins nombreux et des retards de 10 à 50 minutes sont prévus par rapport aux horaires habituels.
Une clôture de deux mètres de haut et plusieurs centaines de mètres de long a par ailleurs été érigée en gare danoise de Kastrup, située au pied du pont, pour empêcher les migrants refoulés dans les cars de se précipiter vers les trains en partance pour la Suède. "C'est comme si on construisait un mur de Berlin", s'est indigné Michael Randropp, porte-parole d'une association d'usagers du pont de l'Öresund, cité dimanche par le quotidien suédois Dagens Nyheter.
La mesure déplaît aussi fortement au Danemark, qui n'a reçu cette année que 18 000 demandes d'asile et craint que les migrants refoulés par la Suède ne restent sur son sol.
Avec AFP