
Le Conseil électoral provisoire en Haïti a décidé, lundi, de reporter le second tour des élections présidentielle et législatives initialement prévus dimanche. Officiellement, aucune nouvelle date n'a été fixée pour la tenue de ces scrutins.
Le second tour des élections présidentielle et législatives n’aura pas lieu dimanche, comme prévu, en Haïti. Le Conseil électoral provisoire (CEP) a annoncé, lundi 21 décembre au soir, dans un communiqué, qu’il se tiendrait ultérieurement, sans officiellement fixer de date pour les nouveaux scrutins. Selon deux membres du conseil, il pourrait être organisé le 10 janvier.
Ce report intervient alors que l'opposition dénonce depuis plusieurs semaines des fraudes massives durant le premier tour au profit du candidat à la présidence Jovenel Moïse, représentant du parti au pouvoir. Son adversaire Jude Célestin a refusé de faire campagne avant la création d'une commission indépendante pour enquêter sur ces accusations.
En réponse aux revendications de l'opposition, le président Michel Martelly avait décrété la création d'une "commission d'évaluation électorale".
Stanley Penn, le porte-parole du CEP, a déclaré suite à l'annonce du report des scrutins être "dans l'attente du travail de la commission d'évaluation électorale pour être en harmonie avec ses recommandations".
"Farce ridicule"
Mais la commission ne satisfait pas les exigences de l'opposition. Néanmoins pour Jude Célestin, ce report est "un pas dans la bonne direction". Il a indiqué dans un message envoyé à l'AFP attendre désormais "la création d'une vraie commission d'évaluation comme réclamée par la population et toutes les organisations de la société civile, avec bien sûr l'implication d'institutions crédibles pour que la vérité luise".
Lors du premier tour du scrutin présidentiel du 25 octobre, Jovenel Moïse avait recueilli 32,76 % des voix contre 25,29 % pour Jude Célestin, mais ce dernier contestent ces chiffres.
Le candidat de l'opposition avait ainsi qualifié de "farce ridicule" les résultats préliminaires publiés le 5 novembre, et dénoncé l'ingérence de la communauté internationale qui a fourni une aide de plus de 30 millions de dollars pour l'organisation de ces élections.
De nombreuses manifestations d'opposition se sont déroulées, régulièrement émaillées d'incidents, depuis l'annonce des résultats du premier tour.
Le premier tour des législatives, le 9 août, avait été ponctué de violences et de fraudes, obligeant le CEP à annuler le vote dans près d'un quart des circonscriptions du pays.
Selon la Constitution, la rentrée parlementaire est prévue le 11 janvier et la passation de pouvoir entre Michel Martelly et son successeur doit se tenir le 7 février.
Depuis la fin de la dictature des Duvalier en 1986, Haïti connaît une crise démocratique émaillée de coups d'État et d'élections contestées qui fragilisent le développement économique du pays encore marqué par le terrible séisme de janvier 2010, qui avait fait plus de 200 000 morts.
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Avec AFP