
À l'issue de pourparlers difficiles, les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont adopté, vendredi, une résolution sur la Syrie pour mettre fin à quatre années de guerre. Le texte prévoit des négociations de paix à partir de "début janvier".
Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont voté, vendredi 18 décembre, à l'unanimité une résolution sur la Syrie entérinant un plan de paix, sans faire mention du sort de Bachar al-Assad.
Les quinze membres du Conseil, y compris la Russie s'étaient réunis sous la présidence de l'Américain John Kerry. Adopté à l'unanimité après d'âpres négociations, le texte final demande à l'ONU de convoquer des "négociations formelles sur un processus de transition politique de manière urgente, avec pour objectif de commencer ces discussions début janvier 2016".
Cette résolution "envoie un message clair à tous pour dire qu'il est temps de mettre fin aux tueries en Syrie", a affirmé le chef de la diplomatie américaine. Il s'est dit "sans illusions" sur la difficulté de la tâche mais a salué "l'unité sans précédent" des grandes puissances.
Rencontre entre opposition et régime de Damas
Le Conseil "confirme son soutien au Communiqué de Genève" de juin 2012 sur une transition politique en Syrie et "entérine les déclarations de Vienne". La feuille de route de Vienne, élaborée en octobre et novembre, prévoit une rencontre à compter du 1er janvier entre représentants de l'opposition et du régime de Damas, un gouvernement de transition dans les six mois, des élections dans les 18 mois et un projet de cessez-le-feu après quatre ans et demi d'un conflit qui a fait plus de 250 000 morts et des millions de réfugiés dans les pays voisins et en Europe.
"En janvier nous espérons être en mesure d'appliquer un cessez-le-feu complet, ce qui veut dire plus de largages de barils d'explosifs, plus de bombardements, plus de tirs ni d'attaques d'un côté comme de l'autre", a précisé M. Kerry à la presse après le vote.
Le médiateur de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura, s'est montré "réaliste" sur le calendrier, qui fixait initialement la date du 1er janvier. "Nous espérons (..) être capable de le faire en janvier", a-t-il estimé.
Silence sur le sort de Bachar al-Assad
Le projet ne dit rien en revanche sur le sort qui serait réservé dans la transition politique au président Bachar al-Assad, dont les Occidentaux souhaitent le départ, contrairement à la Russie. "Il n'est pas fait mention d’Assad dans le projet de résolution mais, en coulisses, il semblerait qu’il y ait un consensus sur le fait qu’il doive partir au final", indique la correspondante de France 24 à New York, Sophie Pilgrim.
Pour John Kerry, le président Assad "a perdu la capacité et la crédibilité nécessaires pour unir et diriger son pays". Mais son homologue russe Sergueï Lavrov a réaffirmé que pour Moscou, c'est aux Syriens d'en décider : "seul un large dialogue mené par les Syriens eux-mêmes peut mettre un terme aux souffrances du peuple syrien".
Peu avant ce vote, le président américain Barack Obama avait pourtant réaffirmé qu'Assad devait quitter le pouvoir, mais sans préciser à quel moment d'une éventuelle transition politique. Il avait jugé qu'il n'y aurait pas de paix en Syrie "sans un gouvernement légitime", lors de sa conférence de presse de fin d'année.Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a demandé pour sa part "des garanties" pour s'assurer du départ du président syrien.
Un cessez-le-feu qui ne concerne pas la lutte antiterroriste
Par ailleurs, le Conseil "soutient un cessez-le-feu sur tout le territoire syrien", qui devra entrer en vigueur dès que pouvoir et opposition "auront fait les premiers pas vers une transition politique". La résolution demande à l'ONU de préparer dans un délai d'un mois des "options" pour mettre en place un "mécanisme de surveillance et de vérification" du cessez-le-feu.
Elle précise toutefois que le cessez-le-feu "ne s'appliquera pas aux actions offensives ou défensives" contre les groupes extrémistes comme l’organisation de l’État islamique (EI) et le Front al-Nosra. Le Conseil appelle à ce propos à "éradiquer le refuge qu'ils ont établi" en Syrie, en référence aux vastes territoires tenus par l'EI dans ce pays.
Avec AFP