Après des régionales marquées par une forte avancée du Front national, qui ne remporte toutefois aucune région, chaque camp pense déjà à la présidentielle de 2017.
L'heure des comptes a sonné après un second tour des régionales marqué par un bond de la participation (58,53 % contre 50,08 % au premier tour), une victoire de la droite dans sept régions métropolitaines, des socialistes dans cinq, et un Front National (FN) qui termine bredouille mais avec un nouveau score record. Désormais,chaque camp se projette vers la présidentielle de 2017.
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Si le parti de Marine Le Pen n'a emporté aucune région, il enregistre tout de même un double record, avec 6,8 millions de voix, améliorant son score du premier tour et dépassant celui du second tour de la présidentielle de 2002.
"Rien ne pourra nous arrêter"
En tête dans six régions après le premier tour, le FN a échoué en duel tant dans le Nord, où la présidente du parti Marine Le Pen affrontait Xavier Bertrand (LR), qu'en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), théâtre de la bataille entre sa nièce Marion Maréchal-Le Pen et Christian Estrosi. Idem en triangulaire, dans le Grand Est pour Florian Philippot et en Bourgogne-Franche-Comté pour Sophie Montel.
Battue largement dans le Nord-Pas-de-Calais, où la gauche s'était retirée pour faire barrage à l'extrême droite, Marine Le Pen a lancé, en vue de 2017 : "Rien ne pourra nous arrêter".
La gauche, qui avait appelé à voter pour la droite dans trois régions où le FN était en bonne position de l'emporter, "n'a pas eu la déroute annoncée", selon la formule du patron du PS Jean-Christophe Cambadélis. Alors qu'elle dirigeait la quasi totalité des anciennes régions, elle a remporté 5 des 13 nouvelles, plutôt dans la moitié ouest : Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, et Bretagne, où Jean-Yves Le Drian cumulera la présidence avec son poste de ministre de la Défense. La victoire a été serrée devant la droite en Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté.
La Corse est tombée dans l'escarcelle de l'autonomiste Gilles Simeoni, maire de Bastia.
S'ils ne réalisent pas de "vague bleue", Les Républicains de Nicolas Sarkozy, alliés aux centristes, emportent sept régions : Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Paca, Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, Auvergne-Rhône-Alpes, Pays-de-la-Loire et Normandie. La droite a aussi conservé la Réunion. Et la plus belle à son tableau de chasse: l'Ile-de-France, gérée par la gauche depuis 17 ans, où Valérie Pécresse a battu de peu son rival socialiste Claude Bartolone (43,8 % contre 42,18 %, le FN récoltant 14,02 %).
"Succès sans joie"
Dès le lendemain du scrutin, l'heure est à la réunion et au bilan dans chacun des camps. Les Républicains réunissent leur bureau politique lundi matin. Le Parti socialiste fera de même pour son bureau national en fin d'après-midi.
À droite comme à gauche, le ton n'est pas à l'euphorie : le numéro un du PS Jean-Christophe Cambadélis évoque un "succès sans joie", tandis qu'aux yeux de l'ancien Premier ministre François Fillon, "ce sursaut est un réconfort mais il n'efface pas le 6 décembre [premier tour des régionales, NDLR] qui reste le véritable baromètre de l'état du pays".
Jean-Christophe Cambadélis a demandé à l'exécutif une "inflexion" pour les 18 mois à venir, "contre la précarité et pour l'activité" mais aussi "pour faire barrage aux inégalités". "Tout cela nous oblige à entendre davantage les Français, à agir sans relâche, plus vite, pour obtenir plus de résultats", a d'ailleurs assuré le Premier ministre Manuel Valls, citant en particulier l'emploi.
Nicolas Sarkozy, lui, a promis de prendre en compte "les avertissements" lancés aux régionales et de répondre aux "grandes questions qui angoissent les Français" (Europe, chômage, sécurité...). À quelques mois de la primaire à droite, certains de ses contestataires n'ont pas tardé à se faire entendre. Pour Bruno Le Maire, les Français attendent "une autre politique" et "des visages nouveaux, y compris à droite". Numéro 2 du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet a de nouveau critiqué le "ni PS ni FN" porté par l'ex-chef de l'État.
Hasard du calendrier, le dernier scrutin du quinquennat s'est déroulé un mois jour pour jour après les attentats jihadistes de Paris et Saint-Denis qui ont fait 130 morts. La campagne a été largement marquée par ce drame, dans un contexte d'état d'urgence décrété jusqu'à la fin février.
Avec AFP