logo

COP21 : le projet d'accord final repoussé à samedi

Après onze jours de discussions, l'accord universel tant attendu pour lutter contre le réchauffement de la planète a été repoussé de vendredi à samedi afin d'aplanir les dernières divergences sur plusieurs points essentiels.

L'accord universel contre le réchauffement de la planète a été repoussé de vendredi à samedi, à l'issue d'une nouvelle nuit de négociations, pour surmonter les ultimes points de friction.

"Nous préférons nous donner le temps de consulter les délégations tout au long de la journée de vendredi", jour prévu pour la clôture des travaux, a déclaré la présidence française de la conférence sur le climat (COP21).

>> À lire sur France 24 : "Après l'encyclique du pape sur le climat, le Saint-Siège veut se faire entendre à la COP21"

Le texte "sera présenté samedi matin tôt pour une adoption à la mi-journée", a ajouté cette source, à l'issue d'une seconde nuit blanche pour les représentants de 195 pays réunis depuis deux semaines au Bourget.

"Selon certains observateurs, délégués et négociateurs avec qui nous avons pu parler, il faut plutôt tabler sur une date encore plus tardive", rapporte toutefois Laure Manent, envoyée spéciale de France 24 au Bourget.

"Les choses vont dans le bon sens", a malgré tout assuré le président de la COP21 et ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Ce dernier a même annoncé vendredi qu'il était certain que les négociations aboutiraient. "À l'issue des consultations que je vais avoir, je serai en mesure, demain matin à 9 h 00, de présenter à l'ensemble des parties un texte qui, j'en suis sûr, sera approuvé et sera un grand pas en avant pour l'ensemble de l'humanité", a-t-il déclaré à la presse, au côté du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Peu avant 06 h 00 (05 h 00 GMT), les délégués quittaient la salle des tractations. Interrogé par l'AFP sur l'atmosphère à l'intérieur, le négociateur américain Todd Stern a juste répondu "fatiguée".

Les sujets les plus complexes encore en suspens

Avant de quitter les lieux, le secrétaire d'État américain, John Kerry, avait défendu en séance le nouveau projet d'accord, estimant, selon un négociateur européen qu'il "reflétait bien le principe de différenciation", sur lequel les pays en développement sont très à cheval.

it
COP21 : le projet d'accord final repoussé à samedi

Une nouvelle version du projet d'accord, raccourcie, avait été présentée par Laurent Fabius. Il comporte "quelques points spécifiques entre crochets" sur les sujets les "plus complexes": "la différenciation, les financements et l'ambition" de l'accord, selon le ministre français.

>> À lire sur France 24 : "La Chine pourrait atteindre son pic d'émission de CO2 dès 2023"

Le texte, a été accueilli avec prudence par les ONG. "Il y a eu des progrès importants sur de nombreux sujets (...) mais des points clé sont encore en suspens", souligne Jennifer Morgan, du World Resources Institute.

Les ONG sont notamment satisfaites de voir figurer dans le projet un objectif de réchauffement maximal de la planète "bien en-deçà" de 2°C par rapport au niveau pré-industriel, une formulation indiquant une forte ambition. "La poursuite des efforts pour limiter la hausse à 1,5°C" est même insérée.

"Les dispositifs pour rehausser l'ambition avant 2025 ne sont pas assez contraignants"

Sur les moyens pour réaliser ce dernier objectif, les ONG sont plus négatives, jugeant les dates de révision des plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre des États "trop tardives". Pour Pascal Canfin, expert auprès du WRI, c'est "le principal point faible" du projet, car "les dispositifs pour rehausser l'ambition avant 2025 ne sont pas assez contraignants".

>> À lire sur France 24 : "Le nucléaire, grand oublié de la COP21 ?"

Côté finances, le projet d'accord va clairement dans le sens des pays du Sud. Il précise que l'enveloppe de 100 milliards de dollars par an que les pays riches ont promis de leur verser d'ici à 2020 est un "plancher" et que ces pays présenteront "périodiquement" des "objectifs quantifiés".

"Les négociations n’ont pas lieu simplement entre délégations, elles ont lieu d’homme à homme, de pays à pays, et puis il y a des coups de fil qui sont passés un peu partout sur la planète pour tenter de faire bouger les lignes, pour tenter d’obtenir un accord le plus rapidement possible, souligne l'envoyée spéciale de France 24. Et comme le montre la discussion sur le terme de 'neutralité carbone', c’est une question de rhétorique. On joue énormément sur les mots ici au Bourget."

Avec AFP