
Selon une information du quotidien "Libération" confirmée mardi par son avocat, Michel Platini pourrait être banni à vie de toute activité liée au football. La Fifa n’a pas confirmé mais le clan du Français crie au "scandale".
Michel Platini va-t-il être radié du monde du football ? La question serait actuellement au cœur des débats de la commission d’éthique de la Fifa, selon un rapport d'enquête interne traitant du fameux paiement controversé de 1,8 million d’euros pour lequel le Français a écopé récemment d'une suspension de 90 jours.
"La chambre d'instruction du comité d'éthique de la Fifa a requis le bannissement à vie de Michel Platini, nous l'avons vu dans le dossier qui nous a été transmis", a déclaré à l’AFP Me Thibaud D'Alès, l’avocat du président de l'UEFA, confirmant une information du quotidien français "Libération".
Invitée à réagir, la justice interne de la Fifa s'est refusée à tout commentaire. On ne sait donc pas si la même peine a été requise contre Joseph Blatter, président démissionnaire de la Fifa, suspendu comme Platini jusqu'au 5 janvier à titre provisoire, pour l'affaire du paiement mais aussi pour un contrat de droits TV présumé déloyal envers la Fifa.
"J'ai beaucoup de chance, j'ai échappé au bûcher" a ironisé le Français en apprenant ces réquisitions, a confié son entourage à l'AFP. Mais les chances du président de l'UEFA d'être un jour celui de la Fifa, avec une élection toujours prévue le 26 février, semblent pour leur part réduites à néant.
Un parcours du combattant
Les mauvaises nouvelles se multiplient depuis le début du mois d’octobre pour Michel Platini, successeur annoncé de Blatter à la tête de la Fifa il y a encore quelques semaines. Le 10 octobre dernier, l'ex-triple Ballon d'Or a été contraint de contester devant la Fifa sa suspension provisoire de 90 jours prononcée deux jours plus tôt. La cause de cette sanction ? Ce fameux paiement de 1,8 million d’euros reçu en 2011 de la part de Blatter pour un travail de conseiller achevé en 2002.
Il a fallu un mois et huit jours pour que la chambre des recours de la Fifa lui notifie le rejet de cet appel, le 18 novembre dernier. Platini s'est ensuite tourné vers le Tribunal arbitral du sport (TAS) le 20 novembre. Le clan du président de l’UEFA espère, au mieux, obtenir un arbitrage au début du mois de décembre.
En cas de radiation ou d’une autre sanction lourde prononcée à son endroit par la chambre de jugement de la Fifa, Platini serait contraint de passer une fois encore par une procédure similaire. Autant de semaines durant lesquelles il lui serait toujours interdit de faire campagne pour la présidence de l'instance mondiale du football, alors que l’élection se tiendra le 26 février 2016, dans à peine plus de trois mois.
Comment expliquer que la justice interne de la Fifa réclame une peine si lourde ? Le versement controversé est-il seul en cause, ou d'autres faits sont-ils reprochés à Platini ? Pour son avocat Me D’Alès, l'acte d'accusation repose uniquement "sur un paiement considéré comme malhonnête".
Un "pur scandale"
"Ce bannissement requis est conditionné à la preuve d'une corruption", estime Me D'Alès, qui dénonce "une démesure de la peine requise" et estime qu'elle "ne repose sur rien dans le dossier".
Un ancien cadre de la Fifa estime au contraire que "la commission d'éthique reproche d'autres choses que le seul versement d'1,8 million". "Le bannissement à vie dans le football est l'équivalent de la peine de mort dans le droit pénal", fait valoir cette source.
Le camp Platini dénonce pour sa part une instruction à charge et un "pur scandale". "On peut se demander si la personne chargée d'enquêter (à la Fifa, Vanessa Allard, NDLR) ne doit pas être appelée la personne ‘chargée d'éliminer Michel Platini’ en vue de la présidence de la Fifa", s’est insurgé Me d'Alès.
L'avocat garde encore un mince espoir : le magistrat allemand Hans-Joachim Eckert, à la tête de la chambre de jugement, "ne peut se contenter de spéculations pour condamner quelqu'un". "Tout comme le TAS", souligne-t-il encore.
D'autres sources proches de Platini avancent que Vanessa Allard, magistrat instructeur de la Fifa, est "partie du postulat que ce paiement de 1,8 million d’euros ne correspond à rien, et spécule sur une possible falsification des comptes de la Fifa, un possible défaut de loyauté envers la Fifa, un possible conflit d'intérêt et une possible corruption, sans en apporter la preuve".
Fin octobre, l'un des hauts responsables de la Fifa, Domenico Scala, avait avancé l'hypothèse d'une "falsification des comptes de la Fifa" pour expliquer que le paiement ne soit pas apparu dans les comptes avant son versement en 2011. Ce à quoi le camp Platini avait répliqué que ce n'était pas au Français de s'occuper des livres de compte de l'instance suprême du foot.
Les avocats du Français ont toujours argué d'un travail de conseiller réel, mais d'un contrat oral pour une partie du paiement manquant entre Platini et Sepp Blatter.
Avec AFP