logo

Clap de fin pour l’emblématique capitaine des All Blacks Richie McCaw

Au lendemain du décès de la légende des All Blacks Jonah Lomu, le capitaine emblématique du XV à la fougère Richie McCaw a annoncé qu’il raccrochait les crampons. Une page se tourne dans l’entourage des double champions du monde.

C’était un secret de polichinelle. Après 16 années de bons et loyaux services, Richie McCaw a finalement décidé de raccrocher le maillot en club comme avec la Nouvelle-Zélande. L’emblématique capitaine des All Blacks a annoncé la fin de sa carrière au lendemain du décès de la légende du rugby Jonah Lomu. "J'ai hésité à reporter mon annonce […]. Je me suis demandé si c'était la bonne chose à faire. Et puis, je me suis dit que ça me permettrait de rendre hommage à Jonah", a-t-il estimé en conférence de presse, juste après avoir officiellement mis fin à une aventure au cours de laquelle il aura tout vécu ou presque.

De l’ivresse de deux titres mondiaux (2011 et 2015) jusqu’aux déceptions les plus profondes (l’élimination de 2007), McCaw a mis fin avec brio à une aventure de 148 épisodes chez les All Blacks.

À 34 ans, le troisième ligne aile referme une page majeure de l’histoire du rugby néo-zélandais. Sous sa houlette, les All Blacks ont donc glané deux Coupes du monde (2011 et 2015), mais aussi sept Tri-Nations et trois Rugby Championship (Four-Nations, depuis l’entrée de l’Argentine). Lui, en parallèle, a entassé les distinctions individuelles : trois titres de meilleur joueur IRB (2006, 2009 et 2010) et un statut honorifique de joueur le plus capé au niveau international, notamment.

Happy retirement #RichieMcCaw pic.twitter.com/7Vr89B2YaM

— All Blacks (@AllBlacks) November 18, 2015

En conférence de presse à l’issue de la demi-finale de Coupe du Monde 2015 remportée face à l’Afrique du Sud (20-18), Steve Hansen n’avait d’ailleurs pas caché son admiration pour l’un des joueurs les plus marquants de ce début de siècle. "C'est un grand joueur, probablement le plus grand de l'histoire des All Blacks, peut-être même de l'histoire du rugby", avait alors estimé le sélectionneur néo-zélandais devant les journalistes.

Brillant au milieu des étoiles

C’est un soir d’automne, à Lansdowne Road, que le tout jeune McCaw a rédigé les premiers vers de cette idylle. Ce 17 novembre 2001, face à une Irlande galvanisée par les chants de la Green Army, les All Blacks plient jusqu'à la pause (21-7) avant de faire exploser le XV du Trèfle au retour des vestiaires (29-40).

Au milieu des Mehrtens, Umaga, Lomu et autres Maxwell, c’est un gamin de 20 ans qui est élu homme du match. McCaw n’a marqué aucun des six essais, mais c’est lui que les supporters kiwis ovationnent au coup de sifflet final. Cent trente autres succès suivront, jusqu’à cette ultime conquête, samedi 31 octobre, devant les 80 000 spectateurs de Twickenham.

L’éternelle frustration de 2007

Si la carrière de Richie McCaw est forgée par les succès, le désormais ex-capitaine des Blacks s’est aussi construit au goût de l’amertume de la défaite. Sous le maillot frappé de la fougère argentée, le numéro 7 souffre toujours au souvenir d’une défaite humiliante face au XV de France, en 2007, en quarts de finale de la Coupe du monde (20-18).

"En 2007, c'était un jeune capitaine et il a été énormément critiqué. […] Je sais que ça l'a beaucoup blessé. Mais ça l'a fait grandir aussi", estime Steve Hansen. Quatre ans plus tard, c’était effectivement un meneur d’hommes aguerri qui, même diminué par une fracture au pied simplement strappée, avait porté la Nouvelle-Zélande jusqu’au titre suprême.

Un géant contesté...

Comme tous les grands, Richie McCaw compte aussi un grand nombre de détracteurs. On lui prête – et souvent à juste titre – un comportement à la limite de la régularité dans les rucks et l’on reproche aux arbitres de lui octroyer des passe-droits dont les autres ne bénéficient pas.

Mais au soir de sa révérence, c’est surtout son intelligence de jeu qui mérite d’être soulignée. Protégé par les arbitres ou non, le porte-étendard des All Blacks a surtout fait montre d’un incroyable talent d’analyse. Et c’est cette capacité à s’adapter ex tempore aux largesses ponctuelles du corps arbitral qui a permis aux Néo-Zélandais de renverser des situations parfois compliquées.

... et chahuté

En 16 ans, il n’y a pas que les arbitres qui ont réservé un traitement de faveur à Richie McCaw. Le flanker (1m87 pour 107 kg) n’a jamais rechigné à s’exposer, constituant de fait une cible de choix pour les adversaires, en témoignent les six commotions cérébrales dont il a fait l’objet au cours de sa carrière.

Et s’il conservera quelques trous noirs de ces épisodes malheureux, l’hémisphère nord se souviendra pour sa part de chaque ballon gratté par cet infatigable besogneux. Au Sud aussi, le monde du rugby gardera l’image d’un guerrier qui aura hanté les rucks du Super 12 – aujourd’hui Super 15 – durant plus de quinze ans.

Une attitude qui lui a permis d’auréoler un palmarès déjà brillant de quatre sacres supplémentaires avec les Crusaders de Christchurch. De quoi graver la légende de cet emblématique capitaine un peu plus profond encore dans le marbre.