Deux jours après la victoire de son parti aux législatives, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, confirme sa ligne autoritaire envers les rebelles kurdes, ainsi que les opposants soupçonnés d'être liés à son adversaire Fethullah Gülen.
Fort de la majorité absolue retrouvée par son parti islamo-conservateur AKP lors des élections du 1er novembre, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a confirmé sa ligne intransigeante en poursuivant ses opérations contre les rebelles kurdes et la répression des opposants.
Mardi 3 novembre, à l'aube, la police turque a procédé à un nouveau coup de filet contre l'organisation du prédicateur islamique Fethulla Gülen, que le président accuse de tentative de coup d'État. Une quarantaine de ses partisans présumés, dont des policiers et des fonctionnaires, ont ainsi été interpellés à Izmir (ouest) et dans une vingtaine d'autres villes.
La justice turque a par ailleurs écroué mardi deux journalistes du magazine d'opposition "Nokta", inculpés de "tentative de coup d'État" pour leurs propos sur les conséquences négatives de la victoire électorale du parti islamo-conservateur du président. Nokta avait titré en une sur "le début de la guerre civile en Turquie".
itFrappes contre les positions kurdes
L’état-major de l'armée a par ailleurs annoncé que ses avions avaient procédé la veille à une série de frappes contre des objectifs du Parti des travailleurs des Kurdistan (PKK), dans la province frontalière turque d'Hakkari (sud-est) et dans les montagnes du nord de l'Irak. "Les caches et les emplacements d'armes de l'organisation terroriste (...) ont été anéantis", a proclamé le commandement militaire sur son site internet.
Dans le sud-est de la Turquie, peuplé majoritairement de Kurdes et où des affrontements avec les forces de l’ordre ont fait trois morts dans la journée, l'armée a imposé le couvre-feu dans plusieurs quartiers de la ville de Silvan, à 60 km au nord de Diyarbakir.
Le vice-Premier ministre Yalçin Akdogan s'est expliqué sur la fermeté de son gouvernement contre la rébellion kurde. "Tant qu'il y aura la terreur, le gouvernement combattra la terreur (...) les citoyens ont montré ce qu'ils pensaient de l'organisation (PKK)", a-t-il déclaré sur la chaîne d'informations télévisées NTV. Selon lui, les discussions de paix avec les rebelles kurdes, suspendues l'été dernier, ne pourront reprendre que s'ils acceptent d'"enterrer les armes".
Entre besoin de stabilité et inquiétude
Dimanche soir, le Parti de la justice et du développement (AKP) a remporté les législatives anticipées avec 49,4 % des suffrages, près de 10 % de plus qu'aux élections du 7 juin, et retrouvé la majorité absolue qu'il avait perdue cinq mois auparavant.
>> À lire sur France 24 : Turquie : en quête de sécurité, les conservateurs kurdes se tournent vers l’AKP
Cette victoire a été interprétée comme une volonté de stabilité de la part des électeurs turcs. M. Erdogan et son Premier ministre, Ahmet Davutoglu, ont fait campagne ces dernières semaines en se posant en garants de la sécurité et de l'unité de la Turquie alors que le pays est confronté depuis l'été à la reprise des affrontements meurtriers entre le PKK et les forces de sécurité turques, ainsi qu'à la violence jihadiste. Le 10 octobre, un attentat a fait 102 morts à Ankara.
Mais la victoire électorale d’Erdogan a aussi ravivé les inquiétudes de ses détracteurs, qui craignent qu'il ne profite de sa nouvelle légitimité pour renforcer sa mainmise sur la Turquie. Seul maître du pays depuis 2003, M. Erdogan est de plus en plus contesté pour ses pratiques jugées autoritaires, aussi bien en Turquie qu'à l'étranger.
Avec AFP et Reuters