En Chine, le Parti communiste a interdit à ses membres de faire du golf, d’avoir des "relations sexuelles inappropriées" ou encore d’abuser de la nourriture. Pour le président Xi Jinping, il s'agit d'éradiquer tout "mode de vie décadent".
Quel est le point commun en Chine entre une balle de golf et la maîtresse d’un homme marié ? Elles sont prohibées pour les membres du Parti communiste chinois (PCC), le plus grand parti politique du monde, qui compte quelque 88 millions de personnes dans ses rangs. Selon de nouvelles règles annoncées jeudi 22 octobre par l'agence officielle Chine nouvelle, il est en effet désormais interdit de "jouer au golf", d'"avoir des relations sexuelles inappropriées", ou encore d’"abuser de la nourriture et de la boisson".
Le golf, activement promu par les autorités sportives en Chine où le nombre de parcours a été multiplié par trois en 10 ans, est dans le collimateur du Parti car il est l'un des loisirs préférés des riches Chinois et de certains responsables politiques. L'ex-secrétaire général du PCC Zhao Ziyang, limogé après les événements de Tiananmen de 1989, était un grand adepte de ce sport.
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En ce qui concerne l’expression, pour le moins vague, de "relation sexuelle inappropriée avec autrui", ces nouvelles règles visent à améliorer des restrictions déjà édictées en 2013 qui interdisaient l’"adultère" et l’"entretien de maîtresse".
"Ces (relations sexuelles) sont, dans certains cas, uniquement des questions de moralité qui ne sont pas illégales", explique Xie Chuntao, directeur du département histoire à l'Ecole centrale du PCC, "l'ENA chinoise". "Mais les formulations précédentes, trop précises, permettaient à certaines personnes de s'en tirer grâce aux lacunes règlementaires".
Éradiquer la corruption
"La discipline du Parti est plus stricte que la loi et doit être placée avant la loi", ont quant à elles affirmé les instances du PCC.
Il s’agit des "règles disciplinaires les plus sévères" depuis l'ouverture du pays au début des années 80, selon le document publié par le Bureau politique du Comité central, principal organe dirigeant du PCC.
Ces mesures étonnantes entrent dans le cadre d’une campagne anti-corruption lancée vigoureusement par le président Xi Jinping, également numéro 1 du Parti. Celui-ci considère la corruption comme l’une des menaces majeures pour la suprématie du PCC.
Dans ce cadre, le Parti a multiplié les exclusions et enquêtes sur ses membres accusés de "mode de vie décadent", fait de banquets ostentatoires, relations extraconjugales et dépenses somptuaires. Des maux en réalité chroniques au sein du PCC depuis des décennies et qui ont déjà fait l'objet de maints rappels à l'ordre dans le passé, plus ou moins suivis d'effets.
Avec AFP