Le sénateur américain, John McCain, a accusé la Russie d'avoir visé des rebelles syriens entraînés et financés par la CIA pour combattre l'organisation de l'État islamique, et non des jihadistes, comme l'assure Moscou.
Deux jours après l’entrée en scène militaire de Moscou dans le conflit syrien, des doutes et des critiques subsistent, jeudi 1er octobre. Interrogé par la chaîne CNN, le sénateur américain John McCain, figure respectée du camp républicain qui contrôle le Congrès, a accusé le Kremlin d’avoir visé des rebelles "armés et entraînés" par la CIA.
"Je peux absolument confirmer que ces frappes visaient l'Armée syrienne libre ou des groupes qui ont été armés et entraînés par la CIA", et non pas l’organisation de l’État islamique (EI), que les Russes, plus proches alliés du régime syrien, prétendent viser. Des sources de sécurité syrienne affirment d'ailleurs que des positions terroristes ont été visées à Hama, Homs et Lattaquié,où l'EI n’opère pas. Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a en outre déclaré que les raids aériens russes avaient visé des zones où il n'y avait "probablement" pas de jihadistes de l'EI.
>> À voir sur France 24 : "Guerre en Syrie : qui la Russie bombarde-t-elle ?"
John McCain, qui affirme s’appuyer sur des sources présentes sur place, estime que Moscou joue un double jeu en Syrie et ne cherche en réalité qu'à "garder le régime meurtrier d'Assad au pouvoir", en frappant son opposition.
Il avait auparavant ouvertement critiqué l'administration Obama. "Cette administration a créé la confusion chez nos amis et a encouragé nos ennemis", a tonné le sénateur, fustigeant les "périls de l'inaction" de l'Amérique au Moyen-Orient.
Les Occidentaux pris de court
Pris de court par l’initiative de Vladimir Poutine, les Américains ont envoyé plusieurs messages de réaction aux tonalités sensiblement différentes. Le département d'État a dans un premier temps paru condamner l'entrée en scène de Moscou, martelant que cela ne changerait rien aux opérations de la coalition internationale piloté par Washington et qui bombarde depuis un an l'EI en Syrie et en Irak.
Puis, devant le Conseil de sécurité, face au chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, son homologue américain John Kerry a concédé que les États-Unis n'étaient pas contre le recours à la force par Moscou, à condition que cela vise vraiment l'EI et Al-Qaïda en Syrie.
En revanche, a-t-il tempéré, Washington aurait "de sérieuses inquiétudes si la Russie devait frapper des zones où il n'y a pas d'opérations de l'EI et de (groupes) affiliés à Al-Qaïda".
Avec AFP et Reuters