Aux États-Unis, le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, a annoncé vendredi qu'il quittera ses fonctions le 30 octobre prochain.
C’est un petit séisme dans le paysage politique américain : le président républicain de la Chambre des représentants des États-Unis, ou "speaker", John Boehner, a annoncé vendredi 25 septembre qu’il démissionnerait le 30 octobre de son poste ainsi que de son mandat de représentant.
Les divisions déchirant le parti républicain ont ainsi éclaté au grand avec cette annonce de John Boehner, contesté par l'aile conservatrice qui lui reprochait un manque d'agressivité face à Barack Obama et aux démocrates.
En sortant de la réunion au cours de laquelle il a annoncé sa démission, la gorge serrée mais l'air jovial, John Boehner a expliqué aux journalistes qu'il avait prévu de démissionner à la fin de l'année, mais qu'en se réveillant vendredi matin, il avait décidé d'avancer son annonce. En aucun cas il n'a été déposé, a-t-il dit, sûr de remporter le vote de défiance que des rebelles préparaient.
"Ma première responsabilité est envers l'institution", a-t-il dit. Une "tourmente prolongée sur la direction de la Chambre causerait des dégâts irréparables à l'institution".
Signe de l'impopularité de John Boehner chez les plus conservateurs, la nouvelle de sa démission a déclenché une ovation lors d'une conférence conservatrice vendredi à Washington, le Values Voter Summit, où défilaient des candidats aux primaires présidentielles.
Sous la pression de l’aile droite des Républicains
Plusieurs dizaines d'ultraconservateurs cherchent en effet à mettre l’administration Obama sous pression en menaçant provoquer une nouvelle paralysie budgétaire en raison d'une controverse sur les avortements opérés dans une grande organisation de planning familial, Planned Parenthood, qui reçoit des fonds publics.
Ils conditionnaient le vote d'une loi de finances générale à la suppression des crédits pour Planned Parenthood, ce que Barack Obama refuse. La loi de finances doit pourtant être adoptée avant le 1er octobre, début de la nouvelle année budgétaire.
En 2013, ces élus républicains décidés à abroger la réforme du système de santé de Barack Obama, avaient par leur chantage provoqué une fermeture partielle de l'État fédéral pendant deux semaines, du jamais vu depuis 1996.
"Séisme"
Le Président américain Barack Obama, s’exprimant vendredi au cours d’une conférence de presse conjointe avec le Président chinois Xi Jinping en visite d’État aux États-Unis, s’est dit "surpris" de l’annonce de Boehner, un "homme bon".
John Boehner "est quelqu'un qui comprend que pour gouverner, on ne peut avoir 100% de ce qu'on veut, il faut travailler avec les gens avec qui on n'est pas d'accord, parfois fortement", a déclaré Barack Obama, avec qui les relations ont pourtant été tumultueuses.
En attendant de connaître le prochain président de la Chambre des représentants, le président américain espère que Boehner voudra continuer à s’investir sur les dossiers actuels.
La chef des représentants démocrates Nancy Pelosi a réagi en qualifiant à la fois l’annonce de "séisme" et de "distraction", au moment où les efforts de la Chambre basse devraient être focalisés sur l’adoption d’une loi afin de justement prévenir une telle paralysie du gouvernement. "Le temps nous dira" quel seront les conséquences de l’annonce de sa démission, a-t-elle jugé.
John Boehner, 65 ans, fréquente les allées du Congrès depuis 1991 et occupe la position de président de la Chambre des représentants depuis le 5 janvier 2011. Kevin McCarthy, le numéro deux du groupe républicain à la Chambre des représentants est pressenti pour lui succéder.
Avec AFP et Reuters