
Confrontés à une crise migratoire d'une ampleur sans précédent en Europe, les ministres de l'Intérieur de l’UE se retrouvent mardi, à Bruxelles, afin de trouver un compromis sur la répartition des migrants.
Les ministres de l'Intérieur de l’Union européenne (UE) se retrouvent, mardi à Bruxelles, afin de tenter de s’entendre sur la question de la répartition de 120 000 migrants, tandis que la Hongrie a durcit ses mesures à leur égard.
Selon des sources proches de la présidence luxembourgeoise de l'UE, les Vingt-Huit, profondément divisés entre l'Est et l'Ouest, pourraient s'accorder sur un texte d'où le terme "contraignant", concernant les quotas, serait banni. La réunion des ministres sera suivie mercredi d'un sommet extraordinaire des chefs d'État et de gouvernement. Le président français François Hollande a estimé qu'"aucun pays" européen "ne peut s'exonérer" d'une répartition "des réfugiés relevant du droit d'asile".
Les pays d'Europe centrale (la Hongrie, la Slovaquie, la République tchèque, la Roumanie et la Pologne) sont hostiles à tout système contraignant. Ils font valoir que ces quotas vont attirer encore plus de migrants vers l'Europe et que le poids du flux migratoire risque de perturber le bon fonctionnement de leurs sociétés.
Ils ont toutefois ont assuré lundi de leur volonté de trouver un accord européen sur cette question. "Tous les participants à la réunion sont très attachés à l'idée d'aboutir à une position commune", a assuré le ministre tchèque des Affaires étrangères, Lubomir Zaoralek, à l'issue d'une rencontre avec ses homologues polonais, hongrois, slovaque, letton et luxembourgeois à Prague. "L'Europe a besoin d'une action collective" afin de répondre au plus vite à une "situation très lourde", a-t-il ajouté.
L’intransigeance de la Hongrie
De son côté, loin du consensus espéré, le parlement hongrois a voté lundi un texte de loi dotant la police et l'armée de nouveaux pouvoirs dans le cadre d'un "état de crise dû à une immigration massive". Parmi ces mesures figure la possibilité pour l'armée d'employer, dans certaines circonstances, des armes non létales contre les migrants qui tenteraient d'entrer illégalement dans le pays. Depuis le début de l'année, la Hongrie, partisane d'une ligne dure sur cette question, a vu transiter 225 000 migrants sur son sol.
"Nos frontières sont en danger (...) La Hongrie et toute l'Europe sont en danger", s'est justifié le Premier ministre populiste Viktor Orban, estimant que le continent était "submergé" par les migrants. "Ils ne frappent pas à notre porte, ils l'enfoncent", a-t-il ajouté.
Plusieurs milliers de migrants sont à nouveau entrés lundi en Hongrie en provenance de Croatie, avant d'être acheminés par les autorités à la frontière autrichienne et de là de poursuivre leur périple vers l'Allemagne, où près de 7 000 personnes sont arrivées en Bavière durant le week-end.
Dernière chance
Outre la question épineuse de la répartition des migrants, les Européens doivent discuter d'autres mesures urgentes pour maîtriser la crise migratoire. Le président du Parlement européen, Martin Schultz, a ainsi souhaité qu'un "maximum d'argent" soit mobilisé pour aider les trois pays qui accueillent près de quatre millions de réfugiés syriens sur leur territoire, le Liban, la Jordanie, et la Turquie, à faire face à cette crise d'une ampleur sans précédent.
Selon le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), le conseil européen de mercredi est probablement la "dernière chance de l'Europe de parvenir à une réponse unie et cohérente" face à la plus grave crise migratoire à laquelle elle fait face depuis 1945.
Enfin, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est déclaré "extrêmement inquiet de la dégradation de la situation des migrants et réfugiés qui arrivent en Europe", et a appelé "les pays européens à respecter leurs obligations internationales, y compris le droit de chercher asile et l'interdiction du refoulement".
Avec AFP