La 67e soirée des Emmy Awards a été marquée dimanche par la consécration de la série "Game of Thrones" et l'attribution pour la première fois du prix de la meilleure actrice dramatique à une comédienne noire.
L'épopée fantastique "Game of Thrones" a été sacrée meilleure série dramatique, dimanche 20 septembre à Los Angeles, de la 67e cérémonie des Emmy Awards, tandis que Jon Hamm a enfin remporté le prix du meilleur acteur pour le rôle du mythique Don Draper dans "Mad Men".
Historique! Une comédienne noire, Viola Davis, sacrée meilleure actrice dramatique - EMMY AWARDS
La cérémonie a également marqué l'histoire de la télévision en récompensant pour la première fois une comédienne noire, Viola Davis, dans la catégorie meilleure actrice dramatique (pour "How to get away with murder"). Autre première : une série diffusée sur Internet, "Transparent", a gagné l'un des prix les plus prestigieux.
"C'est impossible et incroyable d'être ici devant vous et d'avoir fait cette série avec cette équipe incroyable d'acteurs et de scénaristes", a déclaré Jon Hamm sur scène en recevant son prix après huit nominations pour le rôle du séduisant et destructeur publicitaire Don Draper.
"Jouer ce rôle a été à la fois une bénédiction et un mauvais sort", a aussi admis le comédien de 44 ans devant les journalistes après la cérémonie. "C'est merveilleux de faire ce travail de rêve, mais il a un prix, un bagage émotionnel qui pèse sur vous", a raconté celui qui est devenu un sex-symbol international en incarnant un anti-héros alcoolique et dissimulateur.
"Mad Men", peinture acide d'un groupe de publicitaires new-yorkais dans les années 1960, et à travers eux de l'Amérique, s'est terminé cet été au bout de huit ans, et après avoir marqué la culture populaire.
"On ne peut pas gagner de prix pour les rôles qui n'ont pas été écrits"
Déjà primée quatre fois meilleure série dramatique, elle a toutefois dû s'incliner cette année devant "Game of Thrones", qui partait avec une longueur d'avance, forte de 24 nominations.
Mettant en scène de sanglantes rivalités claniques, "Game of Thrones" a triomphé avec 12 prix, dont celui du meilleur second rôle masculin dans un rôle dramatique pour Peter Dinklage, interprète du nain rusé Tyrion Lannister. "Merci encore à HBO d'avoir eu foi dans les dragons", a déclaré le cocréateur de la série David Benioff.
Viola Davis a donc quant à elle remporté face à Robin Wright ("House of Cards"), Claire Danes ("Homeland") ou encore Taraji P. Henson ("Empire"), le prix de la meilleure actrice dramatique pour son interprétation d'une magistrale avocate dans "How to get away with murder".
"La seule chose qui sépare les femmes de couleur des autres, ce sont les opportunités. On ne peut pas gagner de prix pour les rôles qui n'ont pas été écrits", a déclaré, émue, celle qui entre ainsi dans les annales du petit écran.
Viola Davis a rendu hommage à l'équipe de la chaîne ABC qui diffuse "How to get away with murder" pour avoir su "redéfinir ce que cela signifie d'être belle, sexy et noire". "S'il a fallu soixante-sept ans pour qu'une Noire gagne un Emmy [de meilleure actrice dramatique], c'est qu'il y avait bien une barrière à franchir, et qu'il faut le reconnaître", a-t-elle insisté devant la presse.
La télévision, "une machine à empathie"
Chez les hommes, cela fait déjà plusieurs décennies qu'un Afro-Américain a reçu l'Emmy du meilleur acteur dramatique : l'ex-idole Bill Cosby, dont la réputation est aujourd'hui ternie par des accusations d'agressions sexuelles sur une cinquantaine de femmes, avait été récompensé en 1966 pour "I Spy".
L'animateur de la soirée Andy Samberg avait d’ailleurs donné le ton en ouvrant la cérémonie en déclarant que "la chose importante cette année, c'est la diversité". Cela s’est également confirmé avec "Transparent", sur un père de famille transgenre, qui a gagné deux Emmy Awards : meilleure réalisation pour sa créatrice Jill Soloway, qui s'est inspirée de son père ; et meilleur acteur dans une comédie pour Jeffrey Tambor, qui a dédié son Emmy à "la communauté transgenre pour sa patience et son courage". Jill Soloway a quant à elle estimé que la télévision était "une machine à empathie" qui peut aider à mieux faire accepter les minorités.
Avec "Transparent", c'est la première fois qu'Amazon décroche des Emmy et qu'une série Internet remporte l'un des principaux prix, ce qui témoigne du tournant dans la consommation de télévision ces dernières années.
La mini-série "Olive Kitteridge", sur un couple qui se délite, affiche la deuxième plus grosse moisson des 67e Emmy Awards après "Game of Thrones" : huit récompenses dont l'une pour son actrice Frances McDormand.
La satire politique "Veep" de HBO a été couronnée meilleure série comique, doublant "Modern Family", déjà récompensée cinq fois dans cette catégorie. Son interprète Julia Louis-Dreyfus a été primée pour la quatrième fois pour avoir campé une présidente des États-Unis loufoque.
Avec AFP