
Le ministre de la Défense français n'a pas donné de date précise mais a affirmé mercredi que les frappes aériennes contre l'EI en Syrie souhaitées par la France auraient lieu "dans les prochaines semaines".
Les frappes aériennes que compte engager la France contre l'organisation de l’État islamique (EI) en Syrie interviendront "dans les prochaines semaines", a déclaré, mercredi 16 septembre, Jean-Yves Le Drian.
Alors que l'aviation française a entamé le 8 septembre des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie, le président français, François Hollande, et son Premier ministre Manuel Valls ont estimé cette semaine que des frappes étaient désormais "nécessaires" contre l'EI.
"Légitime défense"
Lors du conseil des ministres mercredi, le chef de l'État a invoqué "le principe de la légitime défense" pour justifier d'éventuelles frappes.
À la question de savoir quand les frappes interviendraient, le ministre de la Défense a répondu sur France Inter : "Dans les prochaines semaines, dès que nous aurons des cibles bien identifiées qui nous permettront de mener les frappes qu'il convient de mener face à un ennemi qui est Daech, qui nous menace".
"Notre ennemi à nous, c'est Daech, Bachar al-Assad, c'est l'ennemi de son peuple", a nuancé Jean-Yves Le Drian, qui a toutefois répété que le dirigeant syrien devait "partir le plus vite possible".
Le ministre de la Défense a expliqué que la France avait adopté une nouvelle stratégie parce que "la donne a changé".
"Bachar al-Assad est un assassin [...]. Il n'a pas été à l'origine du gouffre dans lequel aujourd'hui s'effondre toute une région [...], mais c'est Daech qui est en situation d'attaquer aujourd'hui notre pays", a-t-il affirmé.
Des frappes "contreproductives"
Lors du débat qui s’est tenu mardi à l’Assemblée nationale sur le sujet, le ministre de la Défense a averti que le groupe EI progressait de manière "très importante". Bien que l'initiative de l'Élysée ne suscite pas d’opposition franche, plusieurs groupes ont émis des conditions, la droite ou le Front de Gauche plaidant ainsi pour une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU autorisant ces frappes.
Si l'ex-ministre Bruno Le Maire (Les Républicains) a prôné l'envoi de quelques troupes françaises au sol, d'autres élus du parti de Nicolas Sarkozy y sont opposés, comme Pierre Lellouche, pour lequel l'intervention de "forces occidentales" terrestres serait aujourd'hui "une folie".
Dans une interview publiée mardi par "L'Express", Jean-Marie Guéhenno, directeur de l’International Crisis Group et ancien responsable des opérations de maintien de la paix à l’ONU, a estimé que des frappes aériennes françaises contre l'EI seraient contreproductives. "La crise des réfugiés syriens est d’abord le résultat des actions de Bachar al-Assad contre sa population", a-t-il indiqué.
"Ces quelques bénéfices tactiques sont neutralisés par les gains que ces attaques procurent à l'EI en moyens de manipulation. Elles sont perçues comme une aide apportée au régime d'Assad : les Syriens constatent qu'on frappe Daech et qu'on ne fait rien contre le régime, responsable, par les bombardements sur les zones aux mains des rebelles, du plus grand nombre de victimes civiles."
Avec AFP