Un homme a été grièvement blessé mardi à Kinshasa lors de violents affrontements entre des opposants au président Kabila et des hommes armés venus perturber leur manifestation.
Le rassemblement d’opposants à Kinshasa appelant le président congolais Joseph Kabila à abandonner le pouvoir fin 2016, comme l’y oblige la Constitution de la République démocratique du Congo (RDC), s'annonçait pacifique. Mais il a été perturbé, mardi 15 septembre, par l'arrivée d'hommes armés de bâtons et de pierres, qui s'en sont pris aux manifestants. Un bilan provisoire fait état d’un total de "trois blessés emmenés à l'hôpital", selon le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende. L'un d'entre eux a été grièvement blessé.
Réunis mardi en début de journée sur la place Sainte-Thérèse de Ndjili, dans le sud de la capitale de la RDC, une dizaine de dirigeants de la "Dynamique de l'opposition" ont exigé la tenue à temps de la prochaine présidentielle prévue en novembre 2016.
La situation a dégénéré peu avant 15 heures (14 heures GMT), quand le rassemblement a été attaqué à coups de pierres et de bâtons par une dizaine de jeunes gens.
L'un d'entre eux a été intercepté par la foule puis roué de coups par une dizaine de jeunes, dont certains portaient des tee-shirts de partis présents à la manifestation, sans qu’aucun policier n’intervienne.
Papy, militant de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, parti historique de l'opposition), a justifié cette violence - à laquelle il a reconnu avoir participé - en invoquant la "légitime défense" car le jeune est arrivé "avec un bâton en tapant tout le monde, alors tout le monde l'a lynché".
Une vingtaine de policiers armés de matraques sont finalement intervenus pour récupérer l'homme grièvement blessé, sans arrêter quiconque. Quelques groupes de jeunes se sont ensuite formés pour lancer de temps à autre des pierres sur la centaine de policiers déployés en renfort, qui ont fini par tirer des grenades lacrymogènes.
La majorité dénonce la "stratégie suicidaire" de Kabila
La situation est revenue au calme avec la tombée de la nuit. Un témoin a affirmé à l'AFP avoir vu la police arrêter deux personnes.
"Le gouvernement tient à condamner toute forme de violence, d'où qu'elle vienne. Les violences physiques comme verbales", a déclaré Lambert Mende, accusant les opposants d'avoir tenu des propos injurieux envers le président, provoquant la colère de ses partisans.
À Goma et Bukavu, grandes villes de l'Est, des rassemblements de l'opposition ont respectivement réuni une centaine et un millier de personnes, sans incident notable.
>> À voir sur France 24 : "Vidéo : l'opposition en RDC craint le report de la présidentielle"
Côté majorité, lundi, sept chefs de partis ont dénoncé dans une lettre adressée au président Kabila la "stratégie suicidaire" suivie selon eux par le pouvoir en entretenant la "confusion" sur la "tenue des prochaines élections".
S'alignant sur une position déjà exprimée par l'opposition et l'Église catholique, ces frondeurs ont demandé le report des élections locales planifiées fin octobre pour privilégier l'organisation de la présidentielle et des législatives de 2016.
Ils ont été rejoints mardi par le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, qui a fait une proposition similaire à l'ouverture de la session parlementaire.
Avec AFP