La France se prépare tant bien que mal à accueillir quelque 33 000 réfugiés venus d’Irak, de Syrie et d’Érythrée. Un défi logistique pour un pays en manque d’hébergements d’urgence.
Après le temps des annonces, l’heure est à l’action. Alors que François Hollande a déclaré, lundi 7 septembre, que la France était prête à accueillir 24 000 réfugiés, en deux ans - en plus des 9 000 personnes que l’État s’est déjà engagé à accueillir au début de l’été -, la question épineuse des hébergements se pose.
Outre ces nouvelles arrivées de réfugiés, la France devrait enregistrer pour l’année 2015 quelque 60 000 demandes d'asile (un chiffre stable par rapport à 2014). Or, les centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada), qui comptent 25 000 places, sont déjà saturés. Alors que faire ?
Durant l’été, face à l'afflux massif de réfugiés en Europe, l’État a dévoilé un projet de création de 11 000 places d'hébergement et de logement à l'horizon 2016. Mais des milliers de places supplémentaires restent encore à créer. Pour ce faire, un "coordinateur national", le préfet Kléber Arhoul, a été nommé. Il sera chargé d'organiser l'accueil des migrants par les différentes villes. Un dialogue a par ailleurs été entamé avec les associations, les bailleurs sociaux et les collectivités locales.
Ofpra, AP-HP, HLM : des ressorts précieux
L’idée est de "coordonner", "d’organiser de manière digne et sérieuse", a indiqué François Hollande.
Principal interlocuteur de l’État : l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Cet établissement public est chargé de sélectionner, en Allemagne, les réfugiés qui seront acceptés sur le territoire français – uniquement ceux venant de Syrie, d’Irak ou d’Érythrée. Car les ressortissants de ces pays sont susceptibles d’obtenir rapidement leur titre de séjour et, ainsi, de libérer au plus vite leur hébergement.
Par ailleurs, des diocèses, des citoyens et des villes ont lancé des initiatives isolées. L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a annoncé qu'elle allait accueillir quelque 150 réfugiés dans deux bâtiments inoccupés pour 18 mois maximum, tandis que l'organisme des HLM a exprimé sa volonté d'apporter "le plus rapidement possible des solutions concrètes".
De son côté, l'Association des maires des grandes villes de France (AMGVF) s'est dite prête à prendre sa "juste part" dans l'hébergement de réfugiés, si l'État respecte "un certain nombre de conditions", notamment "un plan national d'accueil" avec des moyens pour qu'il soit "durable".
"Des réflexions qui ne sont pas à la hauteur"
Un plan d’accueil durable, c’est en l’occurrence ce dont la France manque pour l’instant, déplore Jean-Claude Mas, secrétaire général de l’association la Cimade, qui apporte une aide juridique aux réfugiés et aux migrants.
"Le ministère de l’Intérieur et du Logement [qui travaillent de concert sur le sujet, NDLR] ne créent pas de nouveaux dispositifs", regrette l’intéressé, interrogé par France 24. "Ils essaient de monter en charge les différents dispositifs, avec la création de nouvelles places en Cada. Ils essaient aussi de réfléchir au rôle des préfectures. Je ne suis pas certain que cette réflexion soit à la hauteur des enjeux", estime le numéro un de l'organisation, qui pointe régulièrement du doigt le gouvernement sur cette question.
Selon Jean-Claude Mas, trouver des solutions d'hébergement durables implique la mise en place de nouveaux moyens. "Il faudrait plutôt créer un fond spécifique, isolé, pour faire face à la crise", estime-t-il, déplorant par ailleurs le manque d’informations concrètes.
Des informations que le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, doit apporter samedi, à l’occasion d’une réunion avec les maires.