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Réponse aux Français qui ne veulent pas des réfugiés syriens

Pourquoi il ne faut pas avoir peur d’accueillir les réfugiés venus de Syrie et ce que leur accueil suppose réellement.

Une majorité de Français se prononcent, dans un récent sondage, contre un accueil massif de réfugiés syriens dans leur pays. Une majorité encore plus importante se dit profondément inquiète du terrorisme et déclare approuver des frappes aériennes de la France contre l’organisation de l’État islamique (EI) en Syrie. Ce sont souvent les mêmes Français qui craignent l’afflux de réfugiés, parce que :

  1. Ceux-ci sont le plus souvent musulmans et donc à leurs yeux représentent une menace terroriste potentielle.
  2. Eux mêmes souffrent directement ou indirectement du chômage et interprètent l’arrivée de ces personnes comme une concurrence potentielle sur le marché du travail.

À ces Français, on peut objecter deux choses :

  1. On ne combattra pas le jihadisme seulement avec des bombes. Les "boat people" syriens qui frappent aux portes de l’Europe commettent un acte politique. Ils "votent avec leurs pieds" et ce vote est une forme de cri d’espoir et d’adhésion en faveur du modèle de société occidental et quelques-uns de ses piliers : la démocratie, la libre entreprise, la liberté religieuse, l’humanisme social, sur lesquels reposent notre prospérité. Ce message nous est adressé mais il l'est aussi aux fanatiques de Daech qui ramènent leur pays au Moyen-Âge : ils n’en veulent pas. Pas plus que de la dictature sanguinaire d’Assad d’ailleurs. 

    À défaut d’avoir pu et su intervenir il y a quatre ans, si nous voulons rester cohérents avec nous-mêmes, notre devoir est d’organiser dignement l’accueil de ces réfugiés dans chaque pays selon les moyens de ceux-ci, bien sûr, ce qui nécessite une coordination européenne. On enverra alors un message aux futures recrues de l’EI tentées de commettre des attentats sur notre sol, et qui sont - rappelons-le - souvent des Français : nous ne sommes pas contre les musulmans. L’Europe a su et saura se montrer accueillante à condition qu’on ne vienne pas chez elle pour combattre ses valeurs.
     

  2. La deuxième objection sera plus difficile à admettre, notamment par ceux (à droite) qui croient encore au mythe de "l’appel d’air" ou par ceux (à gauche) qui veulent ouvrir leur porte aux réfugiés par pur angélisme et se désintéressent de leur intégration. Aux premiers, il faut dire qu’aucun dispositif sécuritaire ne dissuadera jamais ceux qui veulent fuir la guerre pour donner un avenir à leurs enfants de venir le chercher en Europe. La preuve est sous nos yeux : ceux-là ont mis leur vie en jeu pour traverser la Méditerranée et sont prêts, s’il le faut, à terminer leur périple à pied. Ils continueront. Ils ne sont pas attirés, comme on l’entend souvent, par la générosité de notre système d’aides sociales mais souhaitent trouver ici des opportunités de gagner dignement leur vie. Si ce n’était pas le cas, ils ne choisiraient pas d’abord l’Allemagne ou le Royaume-Uni mais plutôt... la France !

    De cela découle ce qu’il faut dire aux seconds : ouvrir les frontières aux réfugiés sans assurer les conditions de leur intégration par l’école, par le travail, par l’enseignement des valeurs républicaines, c’est la garantie assurée de l’échec. C’est à coup sûr renforcer encore les populismes et les extrêmes. Le chômage recule partout en Europe, sauf en France. Ce ne sont pas les derniers arrivés qui en sont responsables, mais plutôt les barrières que nous mettons nous-mêmes à de nouvelles entrées sur le marché du travail pour préserver ceux qui en ont. En Allemagne, Angela Merkel ne pense d’ailleurs pas que les réfugiés vont voler le travail des Allemands mais au contraire qu’ils peuvent contribuer à changer le pays, pour le meilleur. Elle pense qu’elle fait un investissement. Et en cela elle donne une leçon au reste de l’Europe qui n’est pas seulement morale, mais aussi économique et pragmatique.