
En s'opposant à l'expulsion des migrants syriens, Angela Merkel est devenue une véritable héroïne pour nombre de Syriens. Tant et si bien que ceux-ci sont prêts à croire qu'elle a affrété des navires pour les emmener en Allemagne.
Quand le 25 août dernier, Angela Merkel a officialisé la décision de ne plus renvoyer les Syriens vers leur pays d'entrée dans l'Union européenne, comme le stipule la Convention de Dublin, elle a fait un geste aussi symbolique que conséquent. La chancellière allemande ne savait pas que cette annonce, saluée par la Commission européenne, allait la propulser au rang d'héroïne des migrants syriens.
Sa décision survient au cours d’un été marqué par un afflux sans précédent de migrants, dont la majorité sont des Syriens fuyant la guerre qui sévit dans leur pays depuis plus de quatre ans. Plusieurs drames, comme celui du camion autrichien et ses 71 victimes, ou du petit Aylan Kurdi, dont l'image du corps étendu sur la plage de Bodrum restera gravée dans les mémoires, ont suscité l'émoi de l'opinion publique en Europe et fait naître un vif débat.
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Dans un tel contexte et alors que l'Europe est plus que jamais divisée sur l'accueil à réserver à ces migrants, il n’en faut pas plus pour achever d’ériger un piédestal pour Angela Merkel. Désormais, de nombreux syriens qui cherchent l’exil et se heurtent aux portes fermées des ambassades d’abord, puis aux gardes-frontières, la considère comme leur bienfaitrice. La seule dirigeante qui a accepté de les accueillir.
Syrian friends on FB are sharing this "We Love You" image of #Merkel to thank her for receiving Syrians in #Germany pic.twitter.com/lhLg7Lej0m
— Jenan Moussa (@jenanmoussa) 25 Août 2015En quelques jours, les réseaux sociaux ont été inondés de photomontage à la gloire de la chancelière allemande, montrant son visage dans un cœur, sur fond de drapeau allemand avec l'inscription "Nous t’aimons". Sur Facebook et Twitter, des internautes syriens n’hésitent pas à user des qualificatifs les plus laudateurs. "Sainte" pour les uns, "Mère Teresa de l’Europe", pour d’autre, elle devient "la seule qui a une conscience".
Hero #Merkel as #Germany suspends #DublinConvention and grants immediate refugee status to thousands fleeing #Syria pic.twitter.com/G2fEhWRdYR
— Frank Reidy (@roscatha) 25 Août 2015La folle rumeur : l’Allemagne a envoyé des bateaux chercher les Syriens en Turquie
Déjà avant cela, l’Allemagne était sur toutes les lèvres des migrants syriens. L'accueil y est réputé meilleur qu'ailleurs et, ces dernières semaines, on a pu voir de nombreux allemands se mobiliser à Munich notamment pour venir en aide aux migrants. Pour nombre d’entre eux, l'Allemagne fait figure de destination finale rêvée.
Mais l'engouement pour la première puissance économique d'Europe et sa chancelière ne s’arrête pas là. Il est tel que depuis quelques jours une rumeur circule en Syrie, et dans les camps de réfugiés syriens en Turquie et au Liban : Angela Merkel a affrété des paquebots pour venir chercher les Syriens qui veulent demander l’asile à l’Allemagne.
Difficile de déceler l'origine de cette rumeur. Toujours est-il qu'elle circule abondemment sur les réseaux sociaux et notamment sur les groupes existant sur Facebook qui délivrent conseils et astuces sur l'immigration clandestine. Sur la page intitulée "Arabs in Europe", on peut ainsi lire que "le Parlement allemand a donné son accord pour le départ de plusieurs navires vers la Turquie afin de ramener des réfugiés syriens en Allemagne. D'ici six mois, l'Allemagne va accueillir un million de Syriens de cette façon".
#المانيا البرلمان الالماني يوافق على ارسال عدة بواخر لتركيا ..وسوف يتم الاعلان عن هذا حين انتهاء التنسيق مع تركيا ..ومن المتوقع نقل مليون سوري خلال الستت اشهر القادمة ..
Posted by Arabs in Europe - العرب في أوروبا on Wednesday, 2 September 2015Une telle annonce a pu convaincre ceux qui hésitaient encore. "Oui nous partons en Turquie pour aller en Allemagne, il paraît que les autorités allemandes ont envoyé des paquebots pour nous emmener", a ainsi soutenu un réfugié syrien rencontré par des reporters de France 24 dans un camp au Liban, non loin de la frontière syrienne.