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Réunion à l'ONU sur les persécutions de l'EI contre les homosexuels

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a entendu lundi les témoignages des persécutions subies par des homosexuels irakiens et syriens de la part des jihadistes de l'organisation de l'État islamique.

C'est une première. Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont tenu, lundi 24 août, une réunion consacrée aux droits des gays. Ils ont entendu les témoignages terribles des persécutions subies par des homosexuels irakiens et syriens aux mains des jihadistes de l'organisation de l'État islamique (EI).

"Dans l'État islamique, les gays sont traqués et tués tout le temps", a ainsi témoigné Subhi Nahas, originaire d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, région dévastée par la guerre. Les homosexuels sont jetés des toits et lapidés par des foules en liesse qui réagissent, y compris les enfants, comme s'ils étaient "à un mariage", a raconté l'homme qui a fui les persécutions dans son pays et travaille désormais pour une organisation d'aide aux réfugiés aux États-Unis.

Les militants de l'EI "traquent les gays de façon professionnelle. Ils les chassent un par un", a aussi témoigné un Irakien, qui s'exprimait par téléphone depuis un lieu tenu secret au Proche-Orient.

"Quand ils capturent quelqu'un, ils inspectent son téléphone, ses contacts et ses amis sur Facebook", a ajouté l'homme qui se fait appeler Adnan pour éviter son vrai nom, par crainte d'être reconnu. "Et c'est comme un effet domino. Si un tombe, les autres tomberont aussi", a-t-il confié.

Les combattants de l'EI ont revendiqué au moins 30 exécutions pour "sodomie", a indiqué Jessica Stern, directrice de la Commission internationale des droits des gays et lesbiennes, aux participants à la réunion qui se déroulait à huis clos.

Le groupe jihadiste a diffusé au moins sept vidéos ou photos en ligne montrant des exécutions de personnes qu'ils accusent d'être homosexuelles depuis juillet 2014, a-t-elle précisé après la réunion.

Une réunion "historique"

C'est la première fois que le Conseil de sécurité se réunit pour parler des droits des homosexuels, un moment "historique", selon l'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power. "Il était temps, 70 ans après la création de l'ONU, que le sort des personnes LGTB (lesbiennes, gays, bisexuels et trans, NDLR) qui craignent partout dans le monde pour leur vie, soit porté sur le devant de la scène", a-t-elle déclaré.

Organisée par les États-Unis et le Chili, la réunion était ouverte à tous les membres du Conseil de sécurité mais l'Angola et le Tchad n'y ont pas participé. La Chine, la Malaisie, le Nigeria et la Russie ont envoyé des représentants mais ne sont pas intervenus durant la réunion du Conseil de sécurité.

Plus de 75 des 193 pays membres des Nations unies ont des lois criminalisant l'homosexualité.

Avec AFP