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Angela Merkel et François Hollande souhaitent que l'Union européenne apporte une réponse "unifiée" à la crise migratoire, la pire qu'ait connu l'Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

"Nous devons mettre en oeuvre un système unifié de droit d'asile" ainsi qu'"une politique migratoire commune avec des règles communes". Face à la pire crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande ont appelé, lundi 24 août à Berlin, les pays européens à mettre rapidement en application une politique et une législation commune.

Selon le chef de l'État français, qui s'exprimait devant la presse après une réunion initialement consacrée au conflit en Ukraine, a souligné qu'il s'agissait d'une "situation exceptionnelle qui [allait] durer".

À ses côtés, Mme Merkel a relevé que si l'Union européenne a "de manière globale un même droit d'asile", tous les pays européens doivent le mettre en application "le plus rapidement possible".

La chancelière avait auparavant condamné "de la manière la plus forte" les violences xénophobes commises durant le week-end, notamment à Heidenau (Saxe), dans l'est de l'Allemagne, théâtre d'affrontements entre force de l"ordre et manifestants d'extrême droite.

"La manière dont des extrémistes de droite et des néo-nazis cherchent à diffuser leur message creux de haine est abjecte", a déclaré Mme Merkel, trouvant encore pire que l'on voit des familles avec enfants parmi les manifestants.

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Berlin et Paris appellent à une réponse "unifiée" sur la question de l'immigration

Cette crise des réfugiés - la plus grave qu'ait eu à affronter l'Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale - a relégué au second plan le conflit en Ukraine, thème initialement prévu de la rencontre des deux dirigeants avec le président ukrainien Petro Porochenko.

"Désastre humanitaire"

Les centaines de personnes qui franchissent la frontière avec la Serbie viennent s'ajouter aux 7 000 passages enregistrés durant le week-end en provenance de Macédoine qui a rouvert sa frontière avec la Grèce samedi après trois jours de fermeture.

Le ministre autrichien des Affaires étrangères, Sebastian Kurz, en visite à la frontière gréco-macédonienne, a qualifié la situation de "désastre humanitaire".

"C'est un désastre humanitaire, un désastre pour l'Union européenne dans son ensemble et il existe un réel besoin de nous pencher sur la situation dans les Balkans occidentaux", a-t-il déclaré à la presse, réclamant à la Commission européenne une "nouvelle stratégie".

La crise des réfugiés est "en haut de l'agenda" européen, a assuré dimanche à Prague le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, estimant qu'outre la rencontre Hollande-Merkel, il faut prévoir dans les jours qui viennent une "réunion des ministres de l'Intérieur ou des Affaires étrangères".

"C'est exactement le genre de problème qu'il faut comprendre comme un problème commun", a renchéri son homologue tchèque Lubomir Zaoralek.

Sauvetages et morts en Méditerranée

En dehors des Balkans, les garde-côtes italiens ont coordonné le sauvetage de 4 400 migrants en Méditerranée pour la seule journée de samedi, tandis que les autorités grecques se montrent complètement débordées par l'afflux de réfugiés syriens sur l'île touristique de Kos.

Deux migrants sont morts et environ cinq étaient portés disparus lundi après le chavirage de leur embarcation de fortune au large de l'île de Lesbos, en mer Egée, selon la police portuaire grecque.

En Allemagne, un nombre record de 800 000 demandes d'asile est attendu pour cette année, si bien que le pays peine à assurer l'accueil de tous. Parallèlement des actes de violence, généralement imputés à l'extrême droite, sont de plus en plus fréquents.

Le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel pour qui cette arrivée sans précédent de migrants constitue "le plus grand défi de l'Allemagne depuis la Réunification" du pays, s'est rendu lundi à Heidenau.

"Il ne faut pas laisser un millimètre à la populace d'extrême droite, ces gens n'ont rien à voir avec l'Allemagne", a-t-il déclaré sur place.

Après l'entretien Merkel/Hollande, Petro Porochenko devait se joindre à eux, avant une brève conférence de presse à 16h45 GMT, pour une rencontre sur "la situation en Ukraine ainsi que la mise en application des mesures des accords de Minsk".

C'est la première fois depuis la signature en février de ces accords de paix que les trois dirigeants se retrouvent ensemble, mais cette fois sans Vladimir Poutine.

Lundi matin, M. Porochenko a accusé la Russie d'avoir envoyé trois "gros convois militaires" la semaine dernière dans l'Est séparatiste prorusse.

Les accords de paix de Minsk 2 avaient permis d'instaurer une trêve précaire dans un conflit ayant tué 6 800 personnes en 16 mois, dont 1 500 depuis la signature de ces accords.

Avec AFP