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Arnaud Montebourg et Yanis Varoufakis se sont réunis dimanche pour la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse, où ils ont prononcé à l'unisson un discours contre l'austérité en Europe.

Pour expliquer aux nombreux journalistes les raisons de sa venue à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), Yanis Varoufakis, l’ancien ministre grec des Finances, invité d’honneur de l’édition 2015 de la Fête de la rose, n’a pas mâché ses mots dimanche 23 août. "C’est le centre de gravité de l’Europe", a-t-il déclaré lors de ce rassemblement organisé tous les ans dans son fief par Arnaud Montebourg, ancien ministre de l'Économie désormais vice-président de l'enseigne d'ameublement Habitat.

Pour cette édition spéciale de la Fête de la rose, il y avait le folklore traditionnel : poulet de Bresse, stand "Made in France", ban bourguignon... Et puis les nouveautés : l'air de "Zorba le Grec" lancé entre le fromage et le dessert, le slogan "Frangis 2015" sur les pin's des organisateurs, les "Yanis, on compte sur toi" lancés par des militants ou encore le drapeau grec brandi par Arnaud Montebourg à l'issue de la conférence de presse, au côté de l'ancien ministre grec tenant le fanion français.

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"Compagnons anti-austérité", Arnaud Montebourg et Yanis Varoufakis, qui a démissionné du gourvernement d'Alexis Tsipras en juin, se sont lancés dans un réquisitoire contre l'austérité et les institutions économiques européennes. Avec à la clé la critique, par chacun des deux hommes, de leur ancien gouvernement.

"Vous votez non à un référendum - en Grèce, en France et comme ailleurs - et c'est comme si vous avez dit oui ! " a lancé Arnaud Montebourg, dénonçant ce "problème de la zone euro", où quand "on vote [...] cela ne sert à rien". "Vous votez pour la gauche française et vous vous retrouvez avec le programme de la droite allemande au pouvoir !", a-t-il enchaîné.

Selon lui, "l'union monétaire n'a pas été capable de nous sauver de la crise, elle nous y [a] emmené [...] elle a accru les divergences" entre économies, a-t-il poursuivi. Martelant que "l'austérité ne marche pas", il a mis en garde contre "l'échec des socialistes à nous sortir de la crise [qui] peut conduire au succès du Front national".

"Le printemps d'Athènes"

De son côté, Yanis Varoufakis a déploré la "capitulation" du gouvernement Tsipras face à ses créanciers. Les membres de la Troïka "dictaient les termes de la capitulation", a-t-il dit en anglais, racontant par le menu détail les discussions qui avaient lieu, lorsqu'il était ministre, avec ses collègues de l'Eurogroupe.

Celui qui est très courtisé par les gauches radicales européennes a aussi lancé "un réseau européen de progressistes", qui ne nécessite pas selon lui la création de nouveaux partis.

Porteur du "soutien du peuple grec à la France", Yanis Varoufakis a estimé que "la France a[vait] besoin de l'esprit du printemps d'Athènes".

Les deux hommes, venus avec leurs compagnes, avaient pris le train ensemble depuis Paris, après une première rencontre matinale dans la capitale entre l'ancien ministre grec et Jean-Luc Mélenchon, cofondateur du Parti de Gauche.

Un an après le cru 2014, qui avait valu le lendemain à Arnaud Montebourg son éviction du gouvernement, l'édition 2015 était plutôt mesurée. Délaissant la provocation et sa verve habituelle, l'ex-ministre, malgré les "Arnaud président" lancés par quelques militants, est resté sur ses gardes.

A-t-il dit adieu à la politique ? Une question que celui qui n'a plus aucun mandat et s'est tourné vers l'entreprise élude, préférant souligner que "la politique appartient à tous les citoyens" et qu'il puise des "ressources dans la société".

Mais Arnaud Montebourg est "toujours membre du PS". "J'ai acquitté ma dernière cotisation, même si je rêverais que ce parti soit bien différent, ou autre", a confié le troisième homme de la primaire socialiste de 2011, à qui l'on prête toujours des ambitions pour 2017.

Cette semaine, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire, lui avait tendu la main, estimant qu'il devait "rester à bord" du PS car "il n'y a pas d'avenir à être le turlupin de la gauche".

Avec AFP