logo

Crise au Burundi : l'UA appelle à la "retenue" et à la "responsabilité"

L'Union africaine a lancé une mise en garde, dimanche, sur les potentielles "conséquences catastrophiques" au Burundi et dans la région en cas d'échec d'un règlement pacifique de la crise politique que traverse le pays depuis plusieurs mois.

L'Union africaine (UA) hausse le ton. Au lendemain de l’assassinat au Burundi d’un ancien chef d’état-major, l’organisation a lancé une mise en garde, dimanche 16 août, sur les potentielles "conséquences catastrophiques" que pourrait avoir la crise politique pour le pays et la région si elle n’était pas réglée pacifiquement.

La présidente de la Commission de l'UA, Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, a appelé toutes les parties "à la plus grande retenue" face à la grave crise politique que traverse le Burundi. Fin avril, une contestation populaire avait débuté pour protester contre un troisième mandat présidentiel de Pierre Nkurunziza. Malgré des violences qui ont fait une centaine de morts et un coup d'État avorté mi-mai, ce dernier (au pouvoir depuis 2005) a été officiellement réélu fin juillet, lors d'un scrutin contesté notamment par l'opposition, la société civile et la communauté internationale, dont l’UA.

Assaillants inconnus

Le colonel Jean Bikomagu, chef d'état-major tutsi de l'armée burundaise lors des premières années de la guerre civile (1993-2006), a été abattu samedi par des inconnus alors qu'il rentrait à son domicile dans le quartier de Kabondo (sud), a indiqué un membre de sa famille. Les assaillants, selon la même source, ont ouvert le feu sur sa voiture, devant le portail de la maison, avant de prendre la fuite. Sa fille a été grièvement blessée.

"Cet acte ignoble et les multiples autres actes de violence enregistrés ces derniers mois illustrent encore une fois la gravité de la situation que connaît le Burundi et les risques réels de la voir se détériorer davantage, avec des conséquences catastrophiques tant pour le pays lui-même que pour l'ensemble de la région", écrit la responsable de l'UA dans un communiqué.

Une série d’assassinats

La mort du colonel intervient une douzaine de jours après l'assassinat d'un cacique du régime et homme fort de l'appareil sécuritaire, le général Adolphe Nshimirimana. Ce proche du président Pierre Nkurunziza, personnalité-clé de l'ancienne rébellion hutue, avait été tué dans une attaque à la roquette dans un quartier nord de la capitale, faisant craindre de sanglantes représailles du camp présidentiel, de la part notamment de la ligue de jeunesse du CNDD-FDD, qualifiée de milice par l'ONU.

Le lendemain, un célèbre défenseur burundais des droits de l'Homme, Pierre-Claver Mbonimpa, qui avait plusieurs fois accusé publiquement le général Nshimirimana d'avoir exécuté des opposants, était blessé dans une tentative d'assassinat. Il a depuis quitté le pays pour la Belgique.

Mme Dlamini-Zuma "insiste encore une fois sur l'impératif du dialogue et du consensus pour trouver une solution pacifique et durable à la crise actuelle et préserver les acquis importants obtenus grâce à l'Accord d'Arusha de 2000 pour la paix et la réconciliation au Burundi et à l'Accord global de cessez-le-feu de 2003. Elle réitère l'appel de l'UA aux acteurs burundais pour qu'ils fassent preuve de la plus grande retenue et d'esprit de responsabilité en ce moment critique de l'histoire de leur pays", selon le communiqué de l'UA.

Avec AFP