
John Kerry est attendu vendredi à Cuba pour rouvrir officiellement l'ambassade américaine à La Havane. Une visite historique, la première d'un chef de la diplomatie américaine sur l'île communiste depuis 1945.
C'est une visite historique. John Kerry, secrétaire d'État des États-Unis, sera à Cuba vendredi 14 août pour consacrer le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux ex-ennemis de la Guerre froide. Il est le premier chef de la diplomatie américaine à effectuer un déplacement officiel sur l'île communiste depuis 1945.
Au programme : la réouverture officielle de l'ambassade américaine. Mais cette visite de quelques heures, aussi historique que symbolique, doit aussi permettre d'aborder les sujets qui fâchent entre deux voisins : protection des droits de l'homme et des dissidents politiques, levée de l'embargo économique que Washington impose à l'île communiste et restitution de la base navale américaine de Guantanamo.
La cérémonie de réouverture de l'ambassade s'inscrit dans "un processus de normalisation", a commenté un porte-parole du département d'État pour qui la journée exceptionnelle de "vendredi marque évidemment une nouvelle étape de ce processus, après cinquante-quatre ans de hiatus".
En fait, Washington et La Havane ont rétabli leurs relations diplomatiques et rouvert leurs ambassades le 20 juillet, après cinquante-quatre ans d'interruption, selon les termes d'un rapprochement historique annoncé le 17 décembre par les présidents Barack Obama et Raul Castro.
Les deux gouvernements, adversaires de la Guerre froide, avaient rompu les liens en 1961, dans la foulée de la révolution castriste, mais ils entretenaient depuis 1977 des sections d'intérêts qui faisaient office d'ambassades.
Une fois le dégel amorcé il y a six mois, les présidents Obama et Castro s'étaient rencontrés en avril lors du Sommet des Amériques au Panama, et le chef de la diplomatie cubaine Bruno Rodriguez était à Washington le 20 juillet pour rouvrir sa chancellerie. Cuba a aussi été retiré d'une liste noire américaine d'"État soutenant le terrorisme".
Rencontre avec des opposants
John Kerry a en outre annoncé qu'il prévoyait lors de sa visite de rencontrer des opposants politiques. "Je vais rencontrer des dissidents (...). J'aurai la chance de m'asseoir avec eux [au cours d'une réception, privée, à la résidence de l'ambassadeur américain à La Havane]", a-t-il assuré dans un entretien à la télévision américaine en espagnol, Telemundo News, dont des extraits ont été diffusés mercredi.
De fait, ces entrevues devraient se dérouler, à l'abri de la presse, à la résidence et non à la chancellerie, lieu de la grande cérémonie publique.".
Des deux côtés du détroit de Floride, des opposants à la détente – comme le sénateur républicain Marco Rubio – accusent l'administration démocrate d'avoir mis sous l'éteignoir ses exigences en matière de droits de l'homme et de libertés publiques.
Autre question qui reste en suspens : Cuba exige aussi la levée de l'embargo économique imposé en 1962 par le président John F. Kennedy, et renforcé par la loi Helms-Burton de 1996. L'administration Obama est également pour, mais cela dépend du Congrès. Or ce dernier est aux mains des républicains, dont beaucoup sont vent debout contre la mesure qu'ils jugent trop bénéfique pour les frères Castro.
Avec AFP