Après dix-huit escales, à Yorktown et New York notamment, et près de quatre mois passés en mer depuis son départ de l'île d'Aix, le 18 avril, "L'Hermione" est de retour en France. Son arrivée a été célébrée en fanfare à Brest.
Toutes ses voiles blanches dehors sous un ciel gris-bleu, entourée d'une forêt de mâts de voiliers de plaisances et de vieux gréements, avec leurs traditionnelles voiles rouge cachou, "L'Hermione", réplique de la frégate de La Fayette, est apparue, lundi 10 août, vers 13 h à l'entrée du goulet de Brest.
Devant elle, contrastant par sa modernité, la "Latouche-Tréville", une frégate en acier, ouvrait la mer, tandis que la "Recouvrance", symbole de Brest et réplique d'une goélette aviso de 1817, fermait élégamment la marche.
Le phare du Petit Minou, qui marque l'entrée de la rade de Brest, a été passé vers 13 h 15 par cette magnifique armada, tandis que des sonneurs de bagad, formation traditionnelle bretonne, accompagnaient en musique la manœuvre, depuis le "Général Leclerc", un coquillier de 1948.
Dès le milieu de matinée, les premiers fans, à bord de vieux gréements, sont allés à la rencontre du navire. Et à la mi-journée, des dizaines étaient sur les jetées proches du quai Malbert, où la frégate a accosté, à une encablure du château de Brest.
"L'Hermione" restera jusqu'au 17 août dans le port finistérien : un "village à terre" dédié proposera aux visiteurs une exposition sur le navire, mais aussi des démonstrations et initiations nautiques, des débats et des rencontres avec les membres de l'équipage, pour entendre le récit de leur odyssée.
Symbole de l’amitié franco-américaine
Copie conforme du trois-mâts à bord duquel le marquis de La Fayette était allé en 1780 apporter le soutien de la France aux insurgés américains contre l'Angleterre, "L'Hermione" avait quitté l'île d'Aix le 18 avril dernier, en présence du président François Hollande. Même le président américain Barack Obama y était allé de son message, souhaitant "bon vent" à l'équipage.
Ainsi adoubé comme symbole de l'amitié franco-américaine, le navire, dont la construction a duré 17 ans, a pris la mer. Destination les côtes de l'Est américain et notamment New York où, naviguant au pied de la statue de la Liberté, il a été l'invité d'honneur de la parade nautique organisée à l'occasion de la fête nationale américaine, célébrant l'indépendance du pays le 4 juillet 1776.
Pendant les trois jours de festivités, des milliers de personnes ont pu fouler le pont de bois, parcourir les coursives et visiter le bateau de plus de 65 m de long amarré au pied des gratte-ciel, au sud de Manhattan.
Au total, le périple transatlantique aura été marqué par 18 escales, la dernière à Saint-Pierre-et-Miquelon, avant un retour un peu mouvementé. Au départ de l'archipel français, une dépression, d'abord annoncée comme ouragan, a en effet donné des sueurs froides à l'équipage.
Record de vitesse battu sur le chemin retour
Sur le pont, c'est alors le "branle-bas de combat", raconte le journal de bord en ligne : tout le monde se prépare à affronter un coup de tabac digne de ceux vécus par les gabiers du XVIIIe siècle. Finalement, l'ouragan retombe en tempête et gros coup de vent. La houle atteint tout de même 7 mètres au plus fort et le navire bat ses records de vitesse, atteignant 13,3 nœuds (24,6 km/h) pour un bateau de plus de 1 200 tonnes.
À son arrivée à Brest, il compte quelque 80 personnes à bord, dont plus de 60 volontaires, selon les organisateurs de l'étape brestoise.
Au terme de cette étape, le trois-mâts prendra la direction de Bordeaux, où il s'était déjà amarré avant son départ pour l'Amérique, en octobre 2014, quand environ 13 000 personnes s'étaient pressées pour visiter le bâtiment.
Puis il regagnera son port d'attache, Rochefort, en Charente-Maritime, là où fut construite en 1779 la frégate originale, qui coula 14 ans plus tard au large du Croisic (Loire-Atlantique) à la suite d'une erreur de navigation.
"L'Hermione" sera de nouveau à Brest l'an prochain, pour les Fêtes maritimes internationales, le grand rassemblement de la voile et des gens de mer.
Avec AFP