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Un Picasso de 25 millions d’euros, trésor national espagnol, saisi en Corse

Une œuvre de Picasso estimée à plus de 25 millions d’euros a été saisie vendredi sur un bateau en Corse. Selon la justice espagnole, le tableau en est considéré comme un trésor national "qui ne peut en aucun cas" sortir du pays.

C’est un tableau qui nage entre deux eaux. Une œuvre du peintre espagnol Pablo Picasso, d'une valeur estimée à plus de 25 millions d'euros, a été saisie, le 31 juillet, sur un bateau en Corse, a annoncé mardi 4 août la douane française. La pièce de maître, intitulée "Head of a young woman" (Tête de jeune fille), avait était jugée inexportable par la justice espagnole.

En dépit de ce jugement, une "tentative d'exportation [de ce tableau] vers la Suisse depuis le bureau des douanes de Bastia" avait attiré l'attention des fonctionnaires français jeudi dernier, a expliqué la douane dans un communiqué.

Un Picasso de 25 millions d’euros, trésor national espagnol, saisi en Corse

Dès le lendemain, les agents des douanes de Calvi "se sont rendus à bord du navire transportant l'œuvre, accosté au port de plaisance de Calvi" et ont réclamé les "documents relatifs à la situation du tableau", poursuit le texte. "Le capitaine du navire n'a pu présenter qu'un document d'évaluation de l'œuvre ainsi qu'un compte rendu de jugement rédigé en langue espagnole de mai 2015 émanant de l'Audience nationale espagnole, confirmant qu'il s'agissait d'un trésor national espagnol qui ne pouvait en aucun cas être sorti d'Espagne".

"Il n'existe pas sur le territoire espagnol d'œuvre similaire"

Le propriétaire de ce "trésor", Jaime Botin, ne l’entend cependant pas de cette oreille-là. Âgé de 79 ans, ce célèbre banquier espagnol dont la famille a participé à la fondation de la banque Santander en 1857, devenue le premier groupe bancaire d’Espagne, tente en vain d'obtenir l'autorisation d'exporter le tableau depuis décembre 2012. À cette date, une première demande avait été déposée en Espagne pour sortir définitivement l’œuvre d’art du territoire, à destination de Londres.

Le ministère de la Culture avait alors rejeté la demande, déclarant ce tableau bien culturel inexportable parce qu'il "n'existe pas sur le territoire espagnol d'œuvre similaire" de cette période de la vie du peintre, a expliqué un porte-parole du ministère.

En 2015, l'Audience nationale, une des plus hautes juridictions espagnoles, avait à son tour jugé l'œuvre "inexportable", au motif qu'elle appartenait aux "biens d'intérêt culturel" qui n'ont pas le droit de quitter le territoire national. Elle avait ainsi rejeté les arguments de Jaime Botin qui plaidait que le tableau se trouvant à bord du yacht Alix, battant pavillon britannique, et amarré à Valence, il n'était pas sur le territoire espagnol.

Vendredi dernier, le richissime amateur d'art n'était pas présent à bord du bateau, propriété d'une société dont il est actionnaire, a précisé à l'AFP un porte-parole de la douane. La demande d'exportation enregistrée à Bastia n'a en outre pas été faite à son nom, a-t-on également indiqué.

Les autorités françaises attendent désormais d'éventuelles demandes de l'Espagne pour récupérer l'œuvre mais les autorités espagnoles n'ont pas voulu communiquer sur cette affaire. La Guardia civil, dont une unité est chargé de protéger le patrimoine historique, a simplement confirmé qu'une "enquête était en cours depuis un certain temps".

Avec AFP