La justice a confirmé mardi l'annulation du congrès du Front national qui devait priver Jean-Marie Le Pen, le fondateur du parti, de sa présidence d'honneur. L'octogénaire s'oppose à sa fille Marine dans une guerre politique et judiciaire.
Et de trois. La cour d'appel de Versailles, en rejettant le recours du Front national (FN) qui contestait la suspension de son assemblée générale extraordinaire en première instance, a accordé mardi 28 juillet une troisième victoire en justice à Jean-Marie Le Pen dans la bataille qui l'oppose à sa fille Marine, présidente du parti. La cour valide ainsi la décision, rendue le 8 juillet, des juges des référés du tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine) qui suspendaient le congrès
Le congrès extraordinaire du parti est donc invalidé. Jusqu'au 10 juillet, quelque 51 500 adhérents devaient approuver ou rejeter par courrier - ce que contestait Le Pen père - les nouveaux statuts du parti d'extrême droite, dont le titre de président d'honneur de Jean-Marie le Pen a été supprimé.
Les juges de Nanterre avaient notamment estimé que le parti avait "violé" ses règles internes en organisant ce congrès par correspondance et non sous forme physique comme cela devrait être le cas pour une modification des statuts. Jean-Marie Le Pen, suspendu pendant une partie de la consultation, n'a pas été en mesure de "s'exprimer", avaient-ils aussi relevé, tant sur le mode de consultation choisi que face aux adhérents, "faute de débat" les rassemblant "physiquement".
À la suite de la décision de la cour d’appel, la consultation des adhérents est suspendue "jusqu'à organisation d'une assemblée générale extraordinaire conforme aux statuts actuellement applicables". Marine Le Pen, qui avait déclaré qu'elle attendrait les résultats de l'appel pour publier ou non le résultat du congrès, n’a pas encore indiqué si le parti se pourvoirait en cassation. Un tel pourvoi ne remettrait pas en cause la suspension du congrès dans l'intervalle.
Un quatrième acte judiciaire se profile, mais sa date n'est pas encore connue : outre sa double victoire portant sur le congrès, Jean-Marie Le Pen avait obtenu début juillet en justice l'annulation de sa suspension en tant qu'adhérent, prononcée début mai par les instances dirigeantes, et le FN avait fait appel.
Un sursis pour Jean-Marie le Pen
Jean-Marie Le Pen, 87 ans, avait été mis au ban du parti après une nouvelle série de provocations en avril, guère nouvelles sur le fond : répétition de sa vision plusieurs fois condamnée par la justice des chambres à gaz - qu'il avait qualifié de "détail" de l'Histoire -, défense du maréchal Pétain, du "monde blanc" et critique en règle de la démocratie.
La décision de la Cour d’appel "est une manière de permettre à Jean-Marie Le Pen de continuer à parler comme il le fait de la Shoah, du détail, de la question des chambres à gaz en se réclamant du Front, alors qu'on ne le veut plus", a réagi Gilbert Collard, député du Gard et secrétaire général du Rassemblement Bleu Marine (RBM), sur BFMTV. "Des propos que nous condamnons. […] La justice l'autorise, finalement, sur une question de formalisme, à continuer à tenir ces propos avec sa qualité. D'un point de vue moral, éthique, c'est inconcevable."
Les propos qui ont précipité la rupture au sein de la famille frontiste vaudront quoi qu'il en soit à Jean-Marie Le Pen un nouveau procès en correctionnelle, à une date encore indéterminée, pour avoir répété le 2 avril que "les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire" de la Seconde Guerre mondiale.
Avec AFP